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le sait bien ; elle possède beaucoup par elle-même, outre que le fowd ne la laisserait jamais manquer de rien. — Mais en quoi tout cela touche-t-il mon fils ? » s’écria Mertoun impatienté.

« Je ne sais… Elle a pris M. Mordaunt sous sa protection dès la première fois qu’elle l’a vu, et lui a fait de temps à autre certains cadeaux, sans parler de la chaîne qu’il porte à son cou… on dit qu’elle est en or de fée… Je ne sais pas quel or c’est, mais Bryce Snailsfoot prétend que la valeur en est bien de 100 livres d’Angleterre : or, ce ne sont pas des noix vides. — Allez, Ronaldson, dit Mertoun, ou envoyez quelqu’un chercher cette femme, si vous croyez qu’elle puisse savoir quelque chose sur mon fils. — Elle sait tout ce qui arrive dans ces îles, répliqua Niel Ronaldson, beaucoup plus tôt que nous autres, et c’est la vérité du ciel… Mais quant à se rendre à l’église ou au cimetière pour l’amener ici, il n’y a point d’homme dans les îles Shetland qui l’oserait faire ni pour or ni pour argent… et ceci est encore la vérité du ciel. — Lâches et superstitieux ! s’écria Mertoun. Donnez-moi mon manteau, Swertha… Cette femme est allée à Burgh-Westra… elle est alliée à la famille Troil… elle peut savoir quelque chose sur l’absence de Mordaunt et sur son motif… J’irai la trouver moi-même ; elle est à l’église de la Croix, dites-vous ? — Non pas à l’église de la Croix, mais à la vieille église de Saint-Ringan… Ce n’est pas près d’ici, et l’endroit ne jouit pas d’une bonne réputation. Si Votre Honneur, ajouta Swertha, voulait suivre mon conseil, il attendrait qu’elle en fût revenue, et ne la troublerait pas lorsqu’elle est, peut-être, plus occupée des morts que des vivants. Les gens de son espèce n’aiment pas à voir les yeux des autres attachés sur eux, Dieu nous sauve ! quand ils font leur besogne. »

Mertoun ne répliqua point, mais jetant son manteau sur ses épaules, car il tombait de temps à autre de fortes averses, et s’éloignant de Jarlshof, il prit un pas beaucoup plus accéléré que de coutume, et marcha dans la direction de l’église ruinée qui se trouvait, comme il le savait, à trois ou quatre bons milles de sa demeure.

Le Rauzellaer et Swertha le regardèrent partir en silence, et n’ouvrirent la bouche que lorsqu’il ne fut plus à portée de les entendre ; et alors, échangeant des regards sérieux, et branlant la tête d’un air mystérieux, ils se communiquèrent en même temps leurs remarques.

« Les fous sont toujours pressés et volontaires, dit Swertha. —