Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/276

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par quelque exagération des distances ou du péril, augmenter le loyer des barques et les gages des hommes (car la recherche devait avoir lieu par terre et par mer), il se vit soudain arrêté par Mertoun, qui montra une parfaite connaissance non seulement du pays, mais encore de la longueur des chemins, des marées, des courans, et de tout ce qui se rattachait à la navigation dans ces parages, quoique de tels sujets eussent paru jusque-là lui être entièrement étrangers. Le Rauzellaer trembla donc lorsqu’ils en vinrent à parler des récompenses que mériteraient leurs peines ; car il n’était pas probable que Mertoun fût moins bien informé de ce qui était juste et raisonnable sur ce chapitre que sur l’autre, et Niel se rappelait la violence de sa fureur, lorsque, vers les premiers temps de sa résidence à Jarlshof, il avait chassé Swertha et Sweyn Érickson de sa maison. Comme, cependant, il hésitait entre les craintes opposées de demander beaucoup trop ou trop peu, Mertoun lui ferma la bouche et mit fin à son hésitation en lui promettant une récompense bien plus forte que celle qu’il aurait jamais osé réclamer : il fit même entrevoir une gratification en sus, si l’on revenait avec l’agréable nouvelle que Mordaunt était sain et sauf.

Lorsque ce grand point fut arrangé, Niel Ronaldson, en homme de conscience, se mit à examiner avec attention les différents endroits où l’on devait chercher le jeune homme ; après avoir sincèrement promis que leurs enquêtes s’étendraient à toutes les maisons des gens comme il faut, aussi bien dans l’île qu’ils habitaient que dans celles d’alentour, il ajouta : « Qu’après tout, si Son Honneur voulait ne pas se fâcher, il y avait à peu de distance une personne qui, supposé qu’on osât lui adresser une question, et qu’il lui plût de répondre, pourrait leur en apprendre plus que toute autre sur monsieur Mordaunt… Vous savez bien qui je veux dire, Swertha ? celle qui se dirigeait ce matin vers la baie. » Là, il s’interrompit en s’adressant par un regard mystérieux à la femme de charge qui répliqua par un signe de tête et un clignement d’yeux.

« Que voulez-vous dire ? demanda Mertoun ; parlez vite et clair… De qui voulez-vous parler ? — C’est de Norna de Filful Head, répondit Swertha, que parle le Rauzellaer ; car elle s’est rendue ce matin à l’église Saint-Ringan pour ses affaires. — Et comment cette femme saurait-elle quelque chose sur mon fils ? demanda Mertoun ; c’est, je crois, une folle, une vagabonde, une marchande d’impostures. — Si elle erre ainsi, répondit Swertha, ce n’est pas manque de pouvoir vivre chez elle… tout le monde