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Par saint Ronan, avec rime ou raison,
Par saint Martin, et par sainte Marie.
Va-t’en où ton destin ne fera guère envie !
Es-tu bénin ? va, qu’on te sanctifie ;
Es-tu méchant ? qu’on t’avale bientôt.
Es-tu fils du brouillard ? Soit, remonte là-haut.
Au centre de la terre as-tu pris la naissance ?
Retournes-y, fais diligence.

Esclave du péché, de la honte ou des soins,
Te nourris-tu du pain des combats, des besoins ?
Accablé sous le faix qu’on appelle la vie,
Ton sort à nul de nous certes ne fait envie.
Prépare ton cercueil, il a besoin de toi,
Car du ver qui t’attend tu subiras la loi.
Hors d’ici, que le sol te couvre, hôte sans gîte,
Jusqu’au jour où l’archange, appelant tous les morts,
Du sépulcre les ressuscite.
Fantôme, fuis loin de ces bords.

« C’est moi, Halcro, » murmura Minna d’une voix si faible et si basse, qu’elle pouvait passer pour la réponse du fantôme conjuré.

« Vous ! vous ! » s’écria Halcro, quittant soudain le ton de la crainte pour celui de l’extrême surprise ; « par ce clair de lune qui va disparaître, comment donc ! qui se serait jamais attendu à vous trouver, très charmante Nuit, errante dans votre propre élément ! mais vous les avez vus, je pense, aussi bien que moi ; c’est fort hardi à vous de les suivre, pourtant. — Vu qui ? suivre qui ? » demanda Minna, espérant obtenir quelques renseignements sur le sujet de ses craintes et de son inquiétude.

« Les flambeaux funèbres qui dansaient dans la baie, répondit Halcro. Cela n’annonce rien de bon, je vous le promets. Vous savez bien ce que disent les vieux vers ;

Où d’un cadavre la lumière
Danse et brille, soyez certain
Qu’un jour, le soir ou le matin,
D’un mort on portera la bière.

« Je suis allé à moitié chemin de la baie pour les voir, mais ils avaient disparu. Je crois avoir vu une barque s’éloigner, avec des gens qui allaient pêcher en pleine mer, je suppose. Je voudrais que nous eussions de bonnes nouvelles de nos pêcheurs. Norna nous a quittés de mauvaise humeur, et puis ces flambeaux funèbres ! Mais, en attendant, Dieu nous protège ! Ah ! comment donc, ma jolie Minna ! des larmes dans vos yeux ! Et maintenant que la lune nous éclaire, je vois, par saint Magnus, que vous avez les pieds