tentrional et sévère, car elle mentionnait des productions et une atmosphère inconnues aux îles Shetland.
L’amour pleure et veille,
La beauté sommeille !
Oh ! cherchons quelques airs ingénieux, discrets,
Pour bercer le songe
Où son cœur se plonge ;
Plus doux que l’oreiller où dorment ses attraits.
Le zéphyr volage
Se glisse au bocage,
Et les mouches de feu tourbillonnent dans l’air,
Lorsque dans la plaine
Vient la douce haleine
Qui m’apporte des fleurs le parfum pur et cher.
Au sommeil fais trève,
Ma belle ; aucun rêve
N’est égal au bonheur dans sa réalité ;
Daigne reparaître,
Et de ta fenêtre,
Écoute le refrain que l’amour a dicté.
La voix de Cleveland était forte, riche et étendue ; elle convenait
à merveille à l’air espagnol. Son invocation n’aurait sans doute
pas été infructueuse, si Minna avait pu se lever sans réveiller sa
sœur ; mais c’était impossible, car Brenda, comme nous l’avons
déjà dit, qui avait amèrement pleuré avant de s’endormir, reposait
alors, la figure contre le sein de sa sœur, et un bras passé autour
de son corps, comme un enfant qui s’est endormi en criant
dans les bras de sa nourrice. Minna ne pouvait donc se dégager
sans troubler son sommeil, et il lui était impossible d’exécuter son
projet soudain, savoir : de passer une robe et de courir à la croisée
s’entretenir avec Cleveland, qui avait recouru à ce moyen, elle
n’en doutait pas, pour se procurer une dernière entrevue. Ce
contre-temps était fort pénible, car il était plus que probable que
son amant lui venait faire ses adieux ; mais réveiller Brenda pour
l’en rendre témoin, Brenda qui semblait avoir, depuis peu, conçu
une si vive inimitié contre Cleveland, c’était à n’y pas songer.
Il se passa quelques moments, et Minna, plus d’une fois, essaya, aussi doucement que possible, d’ôter le bras de Brenda d’autour de son cou ; mais à chaque fois la jolie dormeuse faisait entendre un léger murmure, comme un enfant troublé dans son