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plaisait beaucoup à leur maître, mais les femmes étaient plus bruyantes dans leur gratitude, et Magnus avait souvent besoin de leur imposer silence, en maudissant toutes les langues des femmes, y compris celle d’Ève.

Enfin, tous étaient montés sur leurs barques et prêts ; les voiles étaient hissées, le signal du départ donné ; les rameurs commençaient à ébranler l’onde, et tous s’éloignaient du rivage, pleins d’une noble émulation à qui arriverait le premier au lieu de la pêche et y jetterait ses lignes avant les autres ; exploit auquel celui qui pouvait y réussir n’attachait pas peu d’importance.

Tant qu’il fut encore possible de les entendre du rivage, ils chantaient une ancienne chanson norse appropriée à la circonstance, dont Claude Halcro avait rimé la traduction littérale qu’on va lire :

Adieu, jeunes fillettes,
Aux regards enchanteurs :
Dansez sans nous, coquettes,
Mais gardez-nous vos cœurs.

Pendant qu’à la veillée
La folâtre assemblée
Chantera ses refrains,
Nous serons à la rame
Et verrons sur la lame
Danser les veaux marins.

Adieu, jeunes fillettes,
Aux regards enchanteurs :
Dansez sans nous, coquettes,
Mais gardez-nous vos cœurs.

Amis, qu’on se dépêche :
En amour, à la pêche,
Ne perdons point un jour.
Hâtons notre voyage :
Charmons gaîment l’ouvrage,
En songeant au retour.

Adieu, jeunes fillettes,
Aux regards enchanteurs :
Dansez sans nous, coquettes.
Mais gardez-nous vos cœurs.

En quittant le rivage,
Saluons le village.
Nos amis, nos parents