Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/235

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour ceux dont les ancêtres avaient demeuré là pendant des siècles. »

Le capitaine Cleveland comprit l’à-propos, et s’inclina sans chercher à défendre son scepticisme.

« Et maintenant, suivez, mes braves cœurs, reprit l’udaller, et puissiez-vous apprendre tous d’aussi bonnes nouvelles que moi ! Trois baleines ne peuvent pas manquer de produire… voyons que je calcule combien cela fera de barriques. »

Il y avait une répugnance manifeste de la part des hôtes à consulter l’oracle de la hutte.

« D’heureuses nouvelles sont assez bien venues pour certaines gens lorsqu’elles viennent du diable, » dit mistress Baby Yellowley en s’adressant à lady Glowrowrum (car une certaine ressemblance de caractère avait établi une sorte d’intimité entre elles) ; « mais je trouve, milady, qu’il y a dans tout cela trop de sorcellerie pour que d’honnêtes chrétiennes comme vous et moi ne s’en offensent pas. — Il y a quelque chose de juste dans ce que vous dites, madame, répliqua la bonne lady Glowrowrum ; mais nous autres Hialtlandais, nous ne sommes pas comme les autres gens ; et comme cette femme, fût-elle sorcière, est amie du fowd et sa proche parente, on nous regarderait mal si nous ne nous faisions pas dire notre bonne aventure comme les autres. Mes nièces sont bien libres d’y aller à leur tour ; car qu’importe, s’il y a le moindre mal à cela, elles auront tout le temps de s’en repentir, suivant le cours ordinaire de la nature, mistress Yellowley. »

Tandis que d’autres étaient retenus par la même incertitude et la même crainte, Halcro remarqua que le vieil udaller fronçait les sourcils et qu’il avait beaucoup de peine à s’empêcher de battre le plancher de son pied droit, signes certains que la patience de Magnus était à bout. Le poète donc déclara courageusement qu’il allait en son propre nom, et point comme interprète des autres, adresser la seconde question à la pythonisse. Il se tut un instant, assembla ses rimes, et parla ainsi :

Dis-moi, comme Milton à la langue dorée,
Entendrai-je aussi mes chansons,
Long-temps après qu’Halcro sur sa tombe sacrée
Aura vu passer les saisons ?
Ou, du moins, de ma lyre aux héros consacrée
Dryden avoûra-t-il les sons ?

La voix de la sibylle répondit aussitôt, du fond de son sanctuaire :