Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/234

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Le partage ne peut s’en faire également :
Deux pour Lerwick et deux pour Kirkwall et ses voûtes,
El trois pour Burgh-Westra, les plus belles de toutes.

« Que les puissances du ciel regardent ce bas monde et nous protègent ! dit Bryce Snailsfoot ; car ce n’est pas une simple femme qui vient de parler ainsi. J’ai trouvé à North-Ronaldshaw des gens qui ont aperçu le bon bâtiment, l’Olave de Lerwick, qui appartient en si grande partie à notre digne patron, qu’on peut, en quelque sorte, l’en dire propriétaire) ils l’ont balayé[1], et aussi sûr qu’il y a des étoiles au ciel, il leur a répondu que sa pêche montait à sept baleines, précisément comme Norna vient de nous le dire dans ses vers. — Bah !… sept baleines précisément ? et vous l’avez entendu dire à North-Ronaldshaw ? dit le capitaine Cleveland ; et je suppose que vous avez piaillé ce bon brin de nouvelle sur toute la route en venant ici. — Ma langue n’en a pas dit un mot, capitaine, répondit le porte-balle. J’ai connu bien des marchands, des colporteurs et autres gens qui négligeaient leur commerce pour porter des bavardages et des on dit par monts et par vaux d’un bout du pays à l’autre ; mais je ne trafique pas en cette partie. Je ne crois pas avoir appris à trois personnes que l’Olave avait complété sa cargaison, depuis que j’ai traversé l’eau à Dunrossness. — Mais si une de ces trois personnes a encore répandu la nouvelle, et il y a deux à parier contre un que la chose est arrivée, la vieille dame prophétise sur velours. »

Ainsi parlait Cleveland, en s’adressant à Magnus Troil ; mais Magnus n’eut pas l’air de l’approuver. Il respectait jusqu’aux superstitions de son pays, et il portait intérêt à sa malheureuse parente, même dans ses actions les plus étranges ; enfin s’il n’avait jamais hautement reconnu les prétentions surnaturelles de Norna, il n’aimait pas du moins les lui entendre contester par d’autres.

« Norna, sa parente, » dit-il en appuyant avec emphase sur ce titre, n’avait de communication ni avec Snailsfoot, ni avec les connaissances de Snailsfoot. Il ne prétendait pas expliquer comment elle avait acquis ces renseignements ; mais il avait toujours remarqué que les Écossais et même les étrangers en général, lorsqu’ils venaient dans les îles Shetland, étaient toujours prêts à trouver des explications à des choses qui étaient restées suffisamment obscures

  1. Les marins baleiniers ont des espèces de signaux télégraphiques : ainsi un nombre marqué de mouvements, faits avec un balai, indique à un autre vaisseau le nombre de baleines qu’on a prises. w. s.