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maison, et le son du guî et du langspiel, annoncèrent l’arrivée de nouveaux hôtes ; aussitôt, suivant, la coutume hospitalière de la contrée, les appartements leur furent ouverts.




CHAPITRE XVI.

entretien.


Mon esprit est troublé : quelque événement encore caché dans les étoiles commencera son triste et terrible cours, au milieu des joies de cette nuit.
Shakspeare. Roméo et Juliette.


Les nouveaux venus, comme il arrive par tout le monde en semblable occasion, formaient une espèce de mascarade représentant les tritons et les sirènes dont les traditions anciennes et populaires avaient peuplé les mers du Nord. Les premiers, que les Shetlandais de cette époque appelaient Shoupeltins, étaient représentés par des jeunes gens grossièrement affublés de faux cheveux et de fausses barbes en filasse, avec des colliers composés de coquillages, d’algues, et d’autres productions marines qui décoraient aussi leurs manteaux de wadmaal d’un bleu clair ou d’un vert de mer. Ils portaient des tridents et autres emblèmes de leur prétendue dignité, parmi lesquels le goût classique de Claude Halcro, qui avait dirigé la mascarade, n’avait pas oublié les conques ; et de temps à autre une ou deux de ces déités aquatiques en tiraient des sons bruyants et enroués, au grand déplaisir de toute la compagnie. Les néréides et les nymphes montraient en cette occasion, comme c’est l’usage, un peu plus de goût que les dieux marins qui les escortaient. Des vêtements bizarres de soie verte et d’autres étoffes riches et précieuses avaient été taillés de manière à reproduire l’idée qu’elles se formaient des habitantes de la mer, et en même temps à montrer avec avantage les formes et les traits des jolies déesses. Les colliers de coquillages qui ornaient le cou, les bras et les chevilles des belles sirènes, étaient quelquefois mêlés de perles véritables ; en somme, l’extérieur de cette troupe était tel, qu’elle n’aurait pas été mal accueillie à la cour d’Amphitrite, surtout si on prend en considération les longues boucles de cheveux, les beaux yeux bleus, le teint blanc et frais, et les traits réguliers des filles de Thulé. Nous ne prétendons pas dire qu’aucune de ces fausses sirè-