Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/104

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fant pourrait aller avec une bourse d’or depuis Sumburgh-Head jusqu’au Scaw-d’Unst, sans que personne songeât à lui faire aucun mal. — C’est bien hardiment parler, jeune homme, vu ce qui se passe dehors en ce moment. — Ah ! » répondit Mordaunt un peu confus, « tout ce que la marée pousse sur la grève, ils le prennent pour une propriété dûment acquise ; on dirait qu’ils sont allés à l’école de sir Arthegal, qui dit :

Ce qu’une fois la mer a pris dans sa fureur
Appartient à celui qui s’en fait possesseur ;
D’en disposer pour soi chacun a la puissance
Comme de biens laissés par quelque providence.

— Dorénavant j’aurai meilleure opinion des comédies et des ballades, à cause de ces vers, reprit le capitaine Cleveland ; et pourtant je les ai passablement aimées de mon temps. Voilà de bons préceptes, et plus d’un homme peut déployer sa voile à un pareil vent. Ce que la mer nous envoie est à nous, la chose est certaine. Toutefois, en cas que vos bonnes gens s’imaginent que la terre peut leur amener aussi bien que la mer des richesses perdues et sans maître, je me permettrai de prendre mon sabre et mes pistolets. Vous plairait-il de faire porter ma caisse dans votre propre maison, jusqu’à ce que vous entendiez reparler de moi, et d’user de votre influence pour trouver un guide qui m’indique le chemin et porte ma valise ? — Voulez-vous aller par mer ou par terre ? demanda Mordaunt. — Par mer ! s’écria Cleveland. Quoi !… dans une de ces coquilles, et dans une coquille fendue, par dessus le marché ? Non, non… par terre, à moins que je ne connaisse mon équipage, mon vaisseau et ma route. »

Ils se quittèrent donc : le capitaine Cleveland fut accompagné d’un guide pour se rendre à Burgh-Westra ; et sa caisse fut soigneusement portée chez Mordaunt, à Jarlshof.