Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cité de son éducation rendaient non seulement excusable, mais même gracieux, étonnement auquel se mêlait une expression délicate de l’affection conjugale la plus tendre, elle se mit à examiner et à admirer des pieds à la tête le noble extérieur et le magnifique costume du personnage qui faisait le plus bel ornement de la cour de la reine vierge d’Angleterre, aussi renommée pour l’élégance de ses courtisans que pour la sagesse de ses conseillers. Le comte regardait avec affection son aimable épouse et jouissait de son admiration sans réserve ; son œil noir et ses nobles traits exprimaient des passions plus douces que la fierté et l’ambition, qui d’ordinaire siégeaient sur son front altier et éclataient dans son regard perçant, et il souriait de la naïveté d’expression avec laquelle elle lui faisait mille questions au sujet des différents ornements qui composaient sa parure.

« Cette courroie brodée, comme tu l’appelles, qui entoure mon genou, dit-il, c’est la Jarretière d’Angleterre, décoration que les rois sont fiers de porter. Voici l’étoile qui s’y rattache, et ici le diamant George, qui est le joyau de l’ordre. Vous avez entendu dire comment le roi Édouard et la comtesse de Salisbury…

— Oh ! je connais toute cette histoire, » dit la comtesse en rougissant légèrement, « et je sais comment la jarretière d’une dame est devenue l’emblème le plus glorieux de la chevalerie anglaise.

— Il l’est encore, dit le comte, et j’ai eu la bonne fortune de recevoir cet ordre honorable en même temps que trois de ses plus illustres membres, le duc de Norfolk, le marquis de Northampton et le comte de Rutland. J’étais le moins élevé en dignité… mais, qu’importe ?… Celui qui veut monter à une échelle doit commencer par le premier échelon.

— Mais cet autre beau collier si richement travaillé, au milieu duquel est suspendu un bijou qui ressemble à un mouton ? Que signifie cet emblème ?

— Ce collier, répondit-il, avec ses doubles fusées entremêlées de cailloux destinés à représenter des étincelles, et qui soutient le bijou dont vous parlez, est l’ordre illustre de la Toison-d’Or, qui appartenait autrefois à la maison de Bourgogne. De grands privilèges, Amy, sont attachés à cet ordre, car le roi d’Espagne lui-même, qui a succédé aux honneurs et aux domaines des ducs de Bourgogne, ne peut pas mettre en jugement un chevalier de la Toison-d’Or sans l’assistance et le consentement du grand chapitre de l’ordre.

— Et cet ordre appartient au cruel roi d’Espagne ? dit la com-