Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

père, et quand il enverra de nouveau vers moi, qu’il choisisse un messager qui me soit plus agréable.

— Amy, » reprit Tressilian avec calme, « tu ne saurais m’émouvoir par tes reproches. Dis-moi seulement un mot, afin que je puisse au moins présenter une lueur de consolation à mon vieil ami… Le rang de cet homme dont tu te glorifies tant, le partages-tu avec lui, Amy ? A-t-il les droits d’un époux, pour contrôler tes actions ?

— Arrête, misérable ! cesse tes insolences, dit la jeune dame, je ne daigne pas répondre à des questions qui outragent mon honneur.

— Vous m’en avez assez appris en refusant de répondre, répliqua Tressilian : mais malheureuse que tu es, remarque bien que je suis armé de toute l’autorité de ton père pour te commander l’obéissance, et que je te sauverai de l’esclavage, du péché, de la honte, même en dépit de toi…

— Point de violences ici, » s’écria-t-elle en s’éloignant de lui, alarmée de la résolution qu’exprimaient son regard et sa contenance ; « ne me menace point, car j’ai les moyens de repousser la force.

— Mais non, j’en suis convaincu, vous n’avez pas l’intention de les employer dans une aussi mauvaise cause, reprit Tressilian. Il est impossible, Amy, que de ton plein gré, maîtresse de ta volonté, dégagée de toute influence, tu choisisses un état d’esclavage et de déshonneur… Tu as été séduite par quelque enchantement… fascinée par quelque artifice… Tu es actuellement retenue par quelque vœu forcé… Mais je romps aussi le charme… Amy, au nom de ton excellent père, de ton père désolé, je t’ordonne de me suivre. »

En disant ces mots, il s’avança et étendit le bras comme pour la saisir. Mais elle recula précipitamment, et poussa le cri qui, ainsi que nous l’avons dit plus haut, attira dans l’appartement Lambourne et Foster.

Ce dernier, en entrant, s’écria : « Feu et fagots ! que se passe-t-il ici ? » Puis s’adressant à la jeune dame d’un ton qui tenait de la prière et du commandement, il ajouta : « Ciel ! madame, que faites-vous ici hors de vos limites ?… retirez-vous, retirez-vous, il y va de la vie dans cette affaire… Et vous, l’ami, qui que vous soyez, quittez cette maison… partez vite, avant que le manche de mon poignard fasse connaissance avec votre côté… Dégaine, Michel, débarrasse-nous de ce misérable.

— Non pas, sur mon âme, dit Lambourne ; il est venu ici en ma compagnie, et il est à l’abri de mes coups par la loi de notre ordre,