Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/476

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— Oui vraiment, il l’est, répondit Varney, et joliment enflé de corps et de visage. Il paraît qu’il préparait quelques-unes de ses drogues infernales, et que le masque de verre qu’il portait habituellement est tombé de son visage, par lequel ce poison subtil s’est introduit dans le cerveau et l’a tué.

Sancta Maria ! s’écria Poster ; je veux dire que Dieu dans sa miséricorde nous préserve de l’envie et de tout péché mortel… N’avait-il pas obtenu de produit, croyez-vous ? n’avez-vous pas vu de lingots dans ses creusets ?…

— Ma foi, je n’ai rien vu que son cadavre, répondit Varney, assez vilain spectacle,… Il est enflé comme un corps qui aurait été exposé trois jours sur la roue… Allons ! donnez-moi un verre de vin.

— Je vais y aller, et l’examiner moi-même. » Il prit la lampe, et s’approcha rapidement de la porte ; mais là il balança et s’arrêta… « Ne voulez-vous pas venir avec moi ? dit-il à Varney.

— Pourquoi faire ? dit Varney ; j’en ai vu et senti assez pour m’ôter l’appétit. J’ai ouvert la croisée cependant, pour donner de l’air… la chambre était pleine de vapeurs sulfureuses et d’autres exhalaisons suffocantes, comme si le diable lui-même eût été là.

— Et ne serait-ce pas l’œuvre du démon lui-même ? » dit Foster en hésitant toujours. « J’ai entendu dire qu’il était puissant dans de telles circonstances et en de tels lieux.

— Et quand même, répondit Varney, ce serait l’œuvre de Satan, qui tourmente ainsi ton imagination ? tu es en parfaite sûreté, à moins qu’il ne soit un diable bien exigeant, car il a eu deux bons morceaux depuis peu.

— Comment, deux bons morceaux ! Qu’est-ce que cela signifie ? que voulez-vous dire par là ? demanda Foster.

— Tu le sauras quand il le faudra, dit Varney… Et puis cet autre banquet qu’on lui prépare… Mais tu la regardes peut-être comme un morceau trop friand pour la dent du démon… Il lui faudra ses hymnes, ses harpes et ses séraphins. «

Antony Foster, en entendant ces paroles, revint lentement près de la table : « Bon Dieu, sir Richard, eh ! faut-il donc aussi que cela ait lieu ?

— Oui, assurément, Antony, où il n’y a pas pour toi d’acte de propriété.

— J’avais prévu que cela en viendrait là… Mais comment, sir Richard ? comment ? car pour la possession du monde je ne voudrais pas porter les mains sur elle.