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avaient été remuées avec la bêche, et où l’on avait planté des herbes potagères. Quelques statues, qui avaient orné le jardin aux jours de sa splendeur, étaient renversées de leurs piédestaux et brisées en pièces. Enfin, une vaste serre, dont la façade en pierres de taille était ornée de bas-reliefs représentant la vie et les gestes de Samson, se trouvait dans le même état de dégradation.

Ils venaient de traverser ce jardin délaissé et n’étaient plus qu’à quelques pas de la porte de la maison lorsque Lambourne cessa de parler. Cette circonstance fut très agréable à Tressilian, en ce qu’elle lui sauva l’embarras de répondre à l’aveu plein de franchise que son compagnon venait de faire des sentiments et des vues qui l’amenaient dans ce lieu. Lambourne frappa hardiment et sans façon à l’énorme porte de la maison, en observant en même temps qu’il en avait vu de moins solides à plus d’une prison. Ce ne fut qu’après qu’ils eurent frappé plusieurs fois qu’un vieux domestique, à la mine rechignée, vint les reconnaître à travers un petit guichet pratiqué dans la porte, et garni de barreaux de fer, et leur demander ce qu’ils voulaient.

« Parler à l’instant à M. Foster, pour une affaire d’état très pressante, » répondit brusquement Michel Lambourne.

« Je crains que vous n’ayez quelque difficulté à le trouver, » dit tout bas Tressilian à son compagnon pendant que le domestique était allé porter le message à son maître.

« Bah ! répliqua l’aventurier, nul soldat ne marcherait en avant s’il devait songer quand et comment il fera retraite. Obtenons d’abord l’entrée, et tout ira bien ensuite. »

Peu d’instants après, le domestique revint, et tirant avec précaution le verrou et la barre, leur ouvrit la porte : ils se trouvèrent alors dans un passage voûté qui les conduisit à une cour entourée de bâtiments. Vis-à-vis de ce passage était une autre porte ; le domestique l’ouvrit de la même manière, et les introduisit dans un parloir pavé en dalles, où il n’y avait que peu de meubles, tous du goût le plus grossier et le plus antique. Les fenêtres étaient hautes et larges, s’élevant presque jusqu’au plafond de la chambre, qui était de chêne noir ; ces fenêtres s’ouvrant sur la cour, la hauteur des bâtiments qui régnaient tout autour les rendait obscures, et comme elles étaient sillonnées d’énormes traverses en pierres massives, et que les vitraux en étaient surchargés de peintures représentant des sujets religieux et des scènes empruntées à l’Écriture sainte, le jour qu’elles donnaient n’était nullement en proportion de leur