Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/429

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cire coloriée, il voudrait la voir morte avant l’expiration de la lune de miel. »

En parlant ainsi, elle regarda Leicester d’une manière si expressive que, bien que son cœur se révoltât contre son insigne perfidie, il se fit assez de violence pour répondre à demi-voix que l’amour de Leicester était plus humble que Sa Majesté ne pensait, puisqu’il l’avait placé là où il ne devait jamais commander, mais toujours obéir.

La reine rougit, et lui ordonna de se taire, d’un air qui annonçait assez qu’elle ne s’attendait pas à être obéie. Mais à ce moment, les fanfares des trompettes et des timbales, qui se firent entendre du haut d’un balcon qui dominait la salle, annoncèrent l’entrée des masques, et soulagèrent Leicester de l’horrible état de contrainte et de dissimulation où l’avaient conduit les résultats de sa duplicité.

La mascarade qui entra était composée de quatre troupes séparées, se suivant alternativement à de courts intervalles, et dont chacune se composait de six personnages principaux et d’autant de porteurs de torches, représentant une des nations qui jadis avaient envahi l’Angleterre.

Les Bretons aborigènes, qui entrèrent d’abord, étaient précédée de deux anciens druides, dont les cheveux blancs étaient ornés d’une couronne de chêne, et qui portaient à la main des branches de gui. Les masques qui marchaient après ces vénérables personnages étaient suivis de deux bardes habillés de blanc et portant des harpes, dont ils jouaient de temps à autre en chantant un ancien hymne à Bélus ou le Soleil. Les Bretons aborigènes avaient été choisis parmi les jeunes gentilshommes de la taille la plus haute et la plus robuste qui suivaient la cour. Leurs masques étaient accompagnés de longues barbes frisées et de chevelures épaisses. Leurs vêtements étaient de peaux de loup et d’ours, tandis que leurs jambes, leurs bras et la partie supérieure de leur corps étaient couverts par un léger tissu de soie couleur de chair, sur lequel on avait tracé en lignes grotesques des images des corps célestes, d’animaux, et d’autres objets de la création : ce tatouage leur donnait l’aspect vivant de nos ancêtres, dont les Romains furent les premiers conquérants.

Les fils de Rome, venus pour civiliser autant que pour conquérir, se présentèrent ensuite devant l’assemblée, et le directeur de la fête avait imité avec exactitude les casques élevés et le costume militaire de ce peuple célèbre, auquel il avait donné le bou-