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de torches à travers les vapeurs des parfums les plus précieux, tandis qu’elle résonnait des accords de la musique la plus douce et la plus délicieuse. À l’extrémité de ce brillant salon était un dais de parade qui surmontait un trône royal, à côté duquel se trouvait une porte communiquant à une longue suite d’appartements décorés avec la plus grande magnificence, pour la reine et ses dames lorsqu’il leur plairait de s’y retirer.

Le comte de Leicester ayant donné la main à la reine pour la conduire au trône, et l’y ayant fait asseoir, fléchit le genou devant elle avec l’expression d’une galanterie respectueuse et passionnée, heureusement tempérée par celle du plus loyal dévouement, et la remercia dans des termes qui exprimaient la plus profonde reconnaissance, de l’honneur qu’il recevait d’elle, le plus grand qu’un souverain pût accorder à un sujet. Il était si beau en s’agenouillant ainsi, qu’Élisabeth céda à la tentation de faire durer cette scène un peu plus long-temps que le besoin ne l’exigeait ; avant de le relever, elle approcha sa main de la tête du comte de si près, qu’elle dut presque toucher ses longues boucles parfumées, et joignit à ce geste une expression de tendresse qui semblait indiquer que, si elle l’eût osé, ce mouvement fût devenu une caresse.

Elle le releva enfin ; et, debout à côté du trône, il lui détailla les différents préparatifs qui avaient été faits pour contribuer à ses plaisirs, à sa commodité, et auxquels elle s’empressa de donner sa gracieuse approbation. Le comte sollicita alors de Sa Majesté, pour lui et les seigneurs qui l’avaient accompagnée pendant le trajet, la permission de se retirer pendant quelques minutes, afin de prendre un costume plus convenable pour reparaître en sa présence, ajoutant que, pendant cet intervalle, les gentilshommes qui avaient déjà changé de vêtements (désignant en même temps Varney, Blount, Tressilian et d’autres) auraient l’honneur de lui faire leur cour.

« Soit, milord, répondit la reine ; vous seriez un excellent directeur de théâtre puisque vous pouvez commander ainsi à une double compagnie d’acteurs. Quant à nous, nous recevrons vos politesses ce soir avec moins de façon ; car notre dessein n’est pas de changer notre costume de voyage, étant un peu fatiguée d’un trajet que le concours de notre bon peuple a un peu ralenti, quoique l’amour qu’il a témoigné pour notre personne l’ait en même temps rendu délicieux. »

Leicester ayant reçu cette permission, se retira suivi des nobles qui avaient accompagné la reine à Kenilworth. Les gentilshommes