Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/343

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dangers au milieu de ces esprits fougueux. Je vais monter à sa chambre et lui raconter ce qui est arrivé à sa lettre, afin qu’elle puisse en écrire une autre, si elle le juge convenable. Elle ne peut manquer de messager, il me semble, dans un endroit où il y a tant de laquais qui peuvent porter une lettre à leur maître. Je lui dirai aussi que je quitte le château, en la laissant à la garde de Dieu, à sa propre direction et aux soins de M. Tressilian. Peut-être se rappellera-t-elle la bague qu’elle m’a offerte… Je l’ai bien gagnée, je crois… Mais, après tout, c’est une aimable créature, et… le diable emporte la bague ! je ne voudrais pas m’avilir pour un si mince objet. Si dans ce monde je suis dupe de ma bonté, j’aurai une chance d’autant meilleure dans l’autre. Ainsi donc allons trouver la dame, et ensuite en route. »

Le pied léger et l’œil ouvert comme le chat qui emporte sa proie, Wayland reprit le chemin de la chambre de la comtesse, se glissant le long des cours et des couloirs, observant tout ce qui se passait autour de lui, et mettant tous ses soins à échapper à toute observation. De cette manière il traversa les cours extérieures et intérieures du château, et le grand passage voûté situé entre les cuisines et la grande salle, qui conduisait au petit escalier tournant par lequel on montait aux chambres de la tour de Mervyn.

L’artiste se félicitait d’avoir échappé aux divers périls de ce voyage, et déjà il se disposait à monter les degrés deux à deux, quand il aperçut une ombre d’homme projetée par une porte qui se dessinait sur le mur opposé. Wayland se retira avec précaution, redescendit dans la cour intérieure, se promena environ un quart d’heure, dont la durée lui parut au moins quadruple, et retourna ensuite à la tour, dans l’espoir que l’homme aux aguets aurait disparu. Il monta jusqu’à l’endroit où la peur l’avait pris ; il n’y avait plus d’ombre sur le mur… Il gravit quelques marches de plus… La porte était encore entr’ouverte, et comme il délibérait s’il avancerait ou rétrograderait, la porte tout-à-coup s’ouvrit toute grande, et Michel Lambourne s’offrit aux regards étonnés de Wayland. « Qui diable es-tu, que cherches-tu dans cette partie du château ? avance dans cette chambre ; viens, qu’on te pende !

— Je ne suis point un chien pour répondre au premier qui siffle, » dit l’artiste, affectant une confiance que démentait le tremblement de sa voix.

« Est-ce à moi que tu par les ainsi ?… Approche, Lawrence Staples ! »