trompé dans cette affaire. Voici mon anneau, comme signe de reconnaissance avec Giles Gosling, et, en outre, une somme en or qui sera triplée si tu me sers fidèlement. Pars donc pour Cumnor, et observe ce qui s’y passe.
— Je pars avec un double plaisir, dit l’artiste ; d’abord parce que je sers Votre Honneur qui a eu tant de bontés pour moi ; ensuite, parce que c’est un moyen d’échapper à mon ancien maître, qui, si ce n’est pas précisément un diable incarné, a, du moins, en intentions, en paroles, en actions, les qualités les plus diaboliques qui aient jamais déshonoré l’humanité. Pourtant qu’il prenne garde à moi. Je le fuis maintenant, comme je l’ai toujours fait jusqu’ici ; mais si, comme les taureaux sauvages d’Écosse, il me pousse à bout par une poursuite opiniâtre, je me retournerai contre lui plein de fureur et de désespoir. Votre Honneur veut-il bien ordonner qu’on selle mon cheval ?… Je vais donner à milord son médicament, divisé en doses convenables, en y joignant quelques conseils ; son salut dépendra ensuite de la vigilance de ses amis et de ses domestiques. Pour le passé, il est sauvé ; mais qu’il se garde de l’avenir. »
Wayland Smith fit en conséquence sa visite d’adieu au comte de Sussex, lui donna ses instructions sur le régime qu’il devait suivre, et sur les précautions qu’il devait prendre pour sa nourriture ; après quoi il quitta Say’s-Court sans attendre au lendemain matin.
CHAPITRE XVIII.
LEICESTER ET L’ASTROLOGUE.
Quand Leicester fut de retour chez lui, à la suite d’une journée si décisive et si harassante pour lui, journée où sa barque, après avoir essuyé plus d’un coup de vent et touché plus d’un écueil, était