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dispositions qui méritent d’être mieux cultivées qu’elles ne peuvent l’être parmi vos hommes de guerre. »

Sussex, qui ne comprenait pas trop le motif de cette résolution, ne sut que s’incliner et exprimer sa soumission. Il supplia ensuite la reine de s’arrêter le temps nécessaire pour qu’on lui servît quelques rafraîchissements ; mais sur ce point il ne put rien obtenir ; et après quelques compliments plus froids et plus ordinaires qu’on n’aurait dû l’attendre d’une visite aussi favorable, la reine quitta Say’s-Court où elle avait apporté la confusion, et laissa l’inquiétude et la crainte derrière elle.




CHAPITRE XVI.

LES DEUX RIVAUX.


Faites-les venir en notre présence ; face contre face, front courroucé contre front courroucé ; nous entendrons parler librement l’accusateur et l’accusé. Tous deux sont obstinés et pleins de colère, et leur rage est aussi sourde que la mer, aussi ardente que le feu.
Shakspeare. Richard II.


« J’ai l’ordre de me rendre demain à la cour, dit Leicester en s’adressant à Varney, pour m’y rencontrer, à ce qu’on suppose, avec milord Sussex. La reine a le dessein de faire cesser nos différends. Tel est le résultat de la visite à Say’s-Court, dont vous ne devriez pas parler si légèrement.

— Je soutiens qu’il n’en est rien, dit Varney ; je sais même d’une personne digne de foi, qui était à portée d’entendre une bonne partie de ce qui s’est dit, que Sussex a plutôt perdu que gagné à cette visite. La reine a dit, en remontant dans son canot, que Say’s-Court ressemblait à un corps-de-garde et avait une odeur d’hôpital. — Ou plutôt celle d’une cuisine de Ram’s-Alley[1], a repris la comtesse de Rutland, qui est toujours une des meilleures amies de Votre Seigneurie. Alors milord Lincoln, se croyant obligé de faire entendre sa charitable parole, a ajouté qu’il fallait pardonner à milord Sussex la manière bizarre et surannée dont était tenue sa maison, vu qu’il n’avait pas encore de femme.

  1. Le passage du Bélier, petite rue de Londres. a. m.