Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/180

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s’il croyait qu’ils ne dormissent pas en vertu d’une ordonnance en forme de la médecine. »

La matinée était déjà fort avancée lorsque Tressilian, fatigué d’avoir passé la nuit, descendit dans l’antichambre apportant la joyeuse nouvelle que le comte s’était éveillé de lui-même, qu’il trouvait ses douleurs internes beaucoup adoucies, et parlait avec une gaîté et regardait autour de lui avec une vivacité qui annonçaient qu’un changement positif et favorable s’était opéré en lui. Tressilian commanda en même temps que deux ou trois personnes de la suite du comte vinssent avec lui pour lui rendre compte de ce qui s’était passé pendant la nuit, et relever ceux qui avaient veillé dans sa chambre.

Quand le message de la reine fut communiqué au comte de Sussex, il sourit d’abord de l’accueil que le médecin avait reçu de son jeune et zélé partisan. Mais faisant sur-le-champ un retour sur lui-même, il ordonna à Blount, son écuyer, de prendre à l’instant un bateau et de descendre jusqu’au palais de Greenwich, en prenant avec lui le jeune Walter et Tracy, pour aller présenter ses respectueux hommages à la reine, lui exprimer sa profonde reconnaissance, et lui faire connaître la cause pour laquelle il n’avait pas pu profiter de l’assistance du savant docteur Masters.

« Peste soit de la commission ! » dit Blount en descendant l’escalier ; « s’il m’eût envoyé avec un cartel pour Leicester, je me fusse acquitté passablement bien d’un pareil message ; mais aller trouver notre gracieuse souveraine, près de laquelle il ne faut user que de paroles dorées ou sucrées, c’est une besogne à me faire perdre ma pauvre vieille cervelle. Viens avec moi, Tracy, et toi aussi, maître Walter Bel-Esprit, toi qui es cause de tout ce mouvement. Voyons si ton cerveau, dont jaillissent tant de brillants éclairs, pourrait aider un pauvre diable qui a besoin de quelques-unes de tes subtilités.

— Ne craignez rien, ne craignez rien ! s’écria le jeune homme, je saurai vous tirer d’embarras ; laissez-moi seulement aller chercher mon manteau.

— Mais ne l’as-tu pas sur tes épaules, dit Blount ; ce garçon-là a perdu la tête.

— Eh non ! c’est le vieux manteau de Tracy ; je n’irai avec toi à la cour que comme un gentilhomme doit s’y montrer.

— Va, dit Blount, tes beaux habits éblouiront tout au plus les yeux du portier ou de quelque autre pauvre valet.

— C’est bon, dit Walter ; mais je n’en suis pas moins décidé à