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faires que nous ne jugeons pas convenable de confier au papier. Sur ce, nous vous saluons cordialement, et sommes votre affectionné cousin, tout à vous.

« Ratcliffe, comte de Sussex. »


« Will Badger, dit Tressilian, envoie-moi le messager sur-le-champ ; » et comme cet homme entrait : « Ah ! ah ! Stevens, c’est vous ? Comment se porte milord ?

— Mal, monsieur Tressilian, et il n’en a que plus besoin d’avoir de bons amis autour de lui.

— Mais quelle est la maladie de milord ? » dit Tressilian avec anxiété ; « je n’avais pas ouï dire qu’il fût malade.

— Je ne saurais vous dire, monsieur ; seulement il est fort mal à son aise. Les médecins sont incertains, et quelques personnes soupçonnent qu’il y a de la trahison, de la sorcellerie, peut-être quelque chose de pire.

— Quels sont les symptômes ? » dit Wayland Smith en s’avançant précipitamment.

« Comment ? » dit le messager qui ne comprenait pas ce qu’il voulait dire.

« Qu’éprouve-t-il ? où est son mal ? »

Stevens regarda Tressilian comme pour demander s’il devait répondre à ces questions de la part d’un étranger ; et, d’après un signe affirmatif qu’il en reçut, il énuméra rapidement les symptômes : « Perte graduelle de forces, transpirations nocturnes, défaut d’appétit, faiblesse, etc,

— Et avec cela des déchirements d’estomac et une fièvre lente.

— C’est cela même, » dit le messager un peu surpris.

« Je sais comment lui est venue cette maladie ; j’en connais la cause, dit l’artiste. Votre maître a mangé de la manne de Saint-Nicolas ; j’en connais aussi le remède… Mon maître ne dira pas que j’aie étudié pour rien dans son laboratoire.

— Que voulez-vous dire ? » s’écria Tressilian en fronçant le sourcil ; « nous parlons d’un des premiers seigneurs d’Angleterre. Songez que ce n’est point une plaisanterie.

— À Dieu ne plaise ! dit Wayland Smith ; je dis que je connais cette maladie, et que je puis la guérir. Souvenez-vous de ce que j’ai fait pour sir Hugh Robsart.

— Partons donc à l’instant, dit Tressilian ; c’est Dieu qui nous appelle. »