Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 15, 1838.djvu/139

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je fis tant de perquisitions avant d’allumer le feu, que je finis par découvrir un petit baril de poudre qu’il avait caché sous ce fourneau, dans l’espoir, sans doute, qu’aussitôt que je commencerais le grand œuvre de la transmutation des métaux, l’explosion transmuterait le souterrain et tout ce qu’il renfermait en un monceau de ruines qui me servirait de tombeau. Cette découverte me dégoûta de l’alchimie, et je serais bien volontiers retourné à l’honnête marteau et à l’enclume ; mais qui eût voulu faire ferrer son cheval par le messager du diable ? Cependant j’avais gagné l’amitié de l’honnête Flibbertigibbet que voici, tandis qu’il était à Faringdon avec son maître le savant Erasmus, en lui enseignant quelques petits secrets, de ceux qui plaisent aux enfants de son âge. Or, après avoir long-temps délibéré ensemble, nous convînmes que, puisque je ne pouvais me procurer des pratiques par les voies ordinaires, j’essaierais d’en recruter parmi les paysans grossiers et ignorants en spéculant sur leurs sottes frayeurs, et, grâce à Flibbertigibbet qui a étendu ma réputation, je n’ai pas manqué d’ouvrage. Mais c’est l’acheter au prix de trop de risques, et je crains d’être à la fin arrêté comme sorcier : aussi quitterai-je ce souterrain aussitôt que je pourrai trouver quelque homme respectable qui me protège contre la fureur de la populace, dans le cas où l’on viendrait à me reconnaître.

— Et connais-tu parfaitement les routes de ce pays ? demanda Tressilian.

— Il n’est pas un de leurs arbres que je ne reconnusse par la nuit la plus noire, » répondit Wayland Smith ; car c’était le nom que s’était donné cet adepte.

« Tu n’as sans doute pas de cheval.

— Pardonnez-moi. J’en ai un aussi bon que jamais franc tenancier en monta, et j’oubliais de vous dire que c’était la meilleure portion de l’héritage du savant docteur, excepté pourtant deux ou trois recettes médicales que je me suis appropriées à son insu et bien contre sa volonté.

— Alors va te laver et te raser, dit Tressilian ; habille-toi du mieux que tu pourras, en ayant soin de mettre de côté tout ce grotesque accoutrement : si tu es discret et fidèle, tu me suivras pendant quelque temps, jusqu’à ce qu’on ait oublié tes extravagances. Tu as, je crois, de l’adresse et du courage ; il se peut que dans ma position je me trouve avoir besoin de l’un et de l’autre. »

Wayland Smith accepta cette proposition avec empressement, et