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Ces pensées et d’autres semblables flottaient dans l’esprit de Roland Græme ; et quoique épuisé par les fatigues du jour il fut long-temps avant de pouvoir se livrer au repos.



CHAPITRE IX.

le serment.


À genoux avec moi, fais-en le serment… Je ne me fie pas aux paroles, à moins qu’elles ne soient garanties par un appel au ciel.
Ancienne comédie.


Après avoir passé la dernière partie de la nuit dans ce sommeil profond que lui avaient préparé l’agitation et la fatigue, Roland fut éveillé par l’air frais du matin et par les rayons du soleil levant. Son premier mouvement fut celui de la surprise ; car, au lieu de contempler par la fenêtre d’une tourelle les eaux du lac d’Avenel, qu’il voyait de son ancien appartement, une fenêtre sans treillis lui laissait voir le jardin bouleversé de l’anachorète banni. Il s’assit sur sa couche de feuillage, et repassa dans sa mémoire les événements de la veille, qui lui semblaient plus étranges à mesure qu’il les considérait. Il avait perdu la protectrice de sa jeunesse, et dans la même journée il avait retrouvé le guide et le soutien de son enfance. La première de ces deux circonstances ne pouvait manquer d’être pour lui un sujet continuel de regret, et il lui semblait que la dernière aurait peine à lui offrir une joie sans mélange. Il se rappelait cette femme qui lui avait servi de mère, aussi affectueuse dans ses soins qu’absolue dans son autorité. Un singulier mélange d’amour et de crainte se retrouvait dans tous ses souvenirs : il redoutait que cette enthousiaste ne cherchât à reprendre un empire absolu sur ses actions : et cette appréhension, que la conduite de Madeleine depuis la veille n’était pas faite pour dissiper, balançait cruellement la joie de cette rencontre.

« Elle ne peut vouloir, » disait l’orgueil croissant du jeune homme, « me conduire et me diriger comme un enfant, quand je suis en âge de juger de mes actions : elle ne peut le vouloir, ou si elle le veut, elle se trouvera étrangement trompée. »