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manier l’épée et le bouclier ; celui qui avec cela possède une paire de souliers, une cotte d’armes verte, et dix groats dans sa bourse, peut braver le chagrin et courir l’aventure. Adieu, que le ciel vous bénisse ! »

En achevant ces mots, comme s’il eût voulu se dérober aux remercîments de son compagnon, il le quitta subitement et le laissa continuer seul le cours de son voyage.


CHAPITRE VIII.

l’ermitage de saint-cuthbert.


Les candélabres sacrés ont été enlevés ; une mousse grisâtre couvre les pierres de l’autel ; l’image sainte a été renversée, la cloche a cessé de vibrer dans les airs ; les murailles de l’église sont détruites et renversées ; les saintes reliques sont dispersées ; le pieux anachorète n’est plus : que le Dieu tout-puissant ait son âme.
Rediviva.


L’ermitage de Saint-Cuthbert avait été construit, dit-on, dans un de ces lieux de station que ce vénérable saint avait assigné à ses moines, lorsque, chassés par les Danois de leur couvent de Linchsfern, ils formèrent une société de religieux péripatéticiens. Portant sur leurs épaules le corps de leur patron, ils le transportèrent à travers les campagnes de l’Écosse et les frontières de l’Angleterre, jusqu’à ce qu’il lui plût enfin de leur épargner la peine de le porter dans des régions plus éloignées, en choisissant un asile non loin des tours de la seigneurie de Durham. L’odeur de sa sainteté s’attacha même aux lieux où il avait permis aux moines qui le portaient de prendre un repos passager : aussi les pieux cénobites montraient-ils avec une sorte de fierté les lieux voisins de leur couvent, où saint Cuthbert s’était quelque temps arrêté. Peu de ces lieux étaient plus renommés et plus en honneur que le célèbre ermitage de saint-Cuthbert, vers lequel Roland Græme se dirigeait. Il se trouvait situé tout à fait au nord-ouest de la grande abbaye de Kennaquhair, dont il était une des dépendances. On remarquait dans le voisinage quelques-uns de ces sites qui exercent une influence indéfinissable sur le cœur de l’homme ; et en