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— Du côté qu’il plaira à Dieu, » répondit le page avec un soupir qu’il lui fut impossible d’étouffer.

« Allons, jeune homme, dit Woodcock, n’allez pas vous laisser abattre pour avoir été congédié. Qui sait si vous ne prendrez pas un plus majestueux essor ? Regardez Diamant. Quel charmant oiseau ! Qu’il semble majestueux avec son chaperon, ses sonnettes, ses cordons ! Et cependant combien de faucons sauvages de la Norwége refuseraient certainement de changer leur sort contre le sien ! Je puis en dire autant de vous. Vous n’êtes plus le page de milady ; vos habits ne seront plus désormais aussi beaux, vos repas aussi splendides, votre lit aussi doux ; vous ne pourrez plus à l’avenir vous montrer aussi galant. Mais après tout, que vous importe ? Si vous n’êtes plus le page de milady, vous êtes au moins votre maître ; vous pouvez aller où bon vous semble, sans être obligé de songer au cri ou au sifflet ; ce qu’il y a de fâcheux cependant, c’est qu’il faut renoncer à la chasse ; mais aussi qui sait ce que vous pourrez devenir un jour ? Regardez sir Halbert lui-même ; sauf le respect que je lui dois, il se trouva, dit-on, fort heureux autrefois d’avoir été choisi pour garder les forêts de l’abbé. Eh bien ! il possède aujourd’hui lévriers et faucons, et qui plus est, Adam Woodcock pour fauconnier.

— Votre raisonnement est fort juste, Adam, » répondit le jeune homme en rougissant ; « et quoique les sonnettes que porte le faucon soient en argent, certes le vol de l’oiseau serait plus élevé si son corps n’était pas chargé de cet ornement futile.

— Bravement parlé, en vérité ! s’écria le fauconnier ; mais dites-moi, où allez-vous en ce moment ?

— Je pensais à me rendre à l’abbaye de Kennaquhair, reprit Roland Græme, pour y implorer les conseils du père Ambroise.

— Puisse la joie vous suivre en ces lieux ; mais, objecta le fauconnier, il y a tout lieu de croire que vous trouverez les vieux moines plongés dans la douleur. On dit que, se repentant de les avoir trop long-temps soufferts, les communes menacent de les chasser de leurs cellules, et de faire célébrer une messe en l’honneur du diable dans la vieille église même de l’abbaye. Ils pensent qu’ils ont trop négligé ce petit divertissement, et je suis de leur avis.

— Alors, » dit hardiment le page, « le père Ambroise ne sera pas fâché d’avoir à ses côtés un ami fidèle.

— Mais prenez garde, jeune homme, reprit le fauconnier, l’ami