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INTRODUCTION SOUS FORME D’ÉPÎTRE,


ARESSÉE


PAR L’AUTEUR DE WAVERLEY


AU CAPITAINE CLUTTERBUCK,


DU… RÉGIMENT D’INFANTERIE DE SA MAJESTÉ BRITANNIQUE[1].




Mon cher Capitaine,

J’apprends avec peine, par votre dernière lettre, que vous n’approuvez pas les altérations et les changements nombreux que je me suis permis de faire au manuscrit de votre ami le Bénédictin. En me justifiant auprès de vous, j’espère me justifier auprès d’une infinité de personnes qui m’ont fait plus d’honneur que je ne mérite.

Je conviens que mes retranchements ont laissé plusieurs lacunes dans l’histoire, et que votre manuscrit original, à ce que l’imprimeur m’assure, eût fourni la matière de quatre volumes. Je sens aussi que, par suite de la permission que vous m’avez donnée, certaines parties de cette même histoire ont perdu de leur clarté faute des détails nécessaires. Mais ne vaut-il pas mieux, après tout, que le voyageur ait quelques fossés à sauter de temps en temps, au lieu de rester enfoncé dans la vase, que le lecteur ait à imaginer des choses d’invention facile, au lieu d’avoir à parcourir les longues pages d’une ennuyeuse explication ? J’ai, par exemple, retranché toute cette merveilleuse machine de la Dame Blanche, ainsi que les beaux vers qui y ont rapport dans le manuscrit original. Vous conviendrez avec moi que le goût public ne favorise pas aujourd’hui ces légendes superstitieuses, qui faisaient à la fois les délices et la terreur de nos ancêtres. J’ai de même supprimé bien des faits, bien des circonstances qui faisaient mieux ressortir l’enthousiasme fervent de la mère Magdeleine et de l’Abbé pour l’ancienne religion. Nous n’éprouvons pas maintenant beaucoup

  1. Ce roman rappelle plusieurs circonstances de la vie de Marie Stuart et notamment son évasion du château de Lochleven en Écosse. a. m.