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CHAPITRE VI.

l’entretien.


Tu es en possession de tous les secrets de la maison, François ; et je jurerais bien que tu as été à l’office, arrosant ton humeur curieuse d’excellente ale, et le régalant du bavardage du sommelier ; oui, ou bien occupe avec la joyeuse femme de chambre et ses confitures, ces gens là ont la clé de tous les secrets domestiques.
Ancienne comédie.


Le lendemain de la scène que nous venons de décrire, le favori disgracié quitta le château. À l’heure du déjeuner le prudent majordome et mistress Lilias étaient assis dans l’appartement de ce dernier personnage, en grave conférence sur l’événement important du jour : l’entretien était animé par un petit repas de gâteaux et de confitures, à quoi le prévoyant M. Wingate avait ajouté un petit flacon d’excellent vin vieux des Canaries.

« Il est parti à la fin ! » dit la moderne Abigaïl[1] en portant son verre à ses lèvres, « et voici pour boire à son bon voyage.

Amen ! répondit gravement le majordome ; « je ne souhaite point de mal au pauvre garçon abandonné.

— Et il est parti comme un canard sauvage, tel qu’il était venu, continua mistress Lilias. Pas de pont levis à baisser, pas de chaussée à parcourir pour lui. Mon homme s’est embarqué sur le bateau qu’on appelle le Petit-Hérode, bien que ce soit une honte de donner le nom d’un chrétien à du bois et à du fer, et il s’est ramé lui-même jusqu’à l’autre côté du lac : là il est parti et il a disparu, et il a laissé tous ses beaux habits épars dans sa chambre. Je ne sais qui va balayer toute cette friperie, quoiqu’elle vaille bien la peine d’être ramassée pourtant.

— Sans doute, mistress Lilias, répondit le majordome, et dans ce cas, je serais assez porté à croire que ces objets n’encombreront pas long-temps le plancher.

— Maintenant, M. Wingate, continua la suivante, ne vous ré-

  1. Suivante de Bethsabé. a. m.