CHAPITRE VI.
l’entretien.
Le lendemain de la scène que nous venons de décrire, le favori disgracié quitta le château. À l’heure du déjeuner le prudent majordome et mistress Lilias étaient assis dans l’appartement de ce dernier personnage, en grave conférence sur l’événement important du jour : l’entretien était animé par un petit repas de gâteaux et de confitures, à quoi le prévoyant M. Wingate avait ajouté un petit flacon d’excellent vin vieux des Canaries.
« Il est parti à la fin ! » dit la moderne Abigaïl[1] en portant son verre à ses lèvres, « et voici pour boire à son bon voyage.
— Amen ! répondit gravement le majordome ; « je ne souhaite point de mal au pauvre garçon abandonné.
— Et il est parti comme un canard sauvage, tel qu’il était venu, continua mistress Lilias. Pas de pont levis à baisser, pas de chaussée à parcourir pour lui. Mon homme s’est embarqué sur le bateau qu’on appelle le Petit-Hérode, bien que ce soit une honte de donner le nom d’un chrétien à du bois et à du fer, et il s’est ramé lui-même jusqu’à l’autre côté du lac : là il est parti et il a disparu, et il a laissé tous ses beaux habits épars dans sa chambre. Je ne sais qui va balayer toute cette friperie, quoiqu’elle vaille bien la peine d’être ramassée pourtant.
— Sans doute, mistress Lilias, répondit le majordome, et dans ce cas, je serais assez porté à croire que ces objets n’encombreront pas long-temps le plancher.
— Maintenant, M. Wingate, continua la suivante, ne vous ré-
- ↑ Suivante de Bethsabé. a. m.