Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne serait pas juste de vous renvoyer sans moyens d’existence : prenez cette bourse d’or.

— Pardon, milady, répliqua le jeune homme, permettez-moi de me retirer avec la satisfaction de penser que je ne me suis pas dégradé au point de recevoir l’aumône. Si mes faibles services peuvent être considérés comme une compensation suffisante pour mon entretien et ma nourriture, je ne vous reste redevable que de ma vie, et cela seul est une dette dont je ne pourrai jamais m’acquitter : gardez donc votre bourse, et dites seulement que vous ne vous séparez pas de moi avec colère.

— Avec colère, non, dit la dame, mais avec chagrin pour votre opiniâtreté : mais prenez cet or ; il est impossible que vous n’en ayez pas besoin.

— Que le ciel vous bénisse à jamais pour ce ton de bonté et pour ces douces paroles, dit le jeune homme ; mais je ne puis rien accepter. J’ai un corps vigoureux, et je ne suis pas aussi complètement dénué d’amis que vous pourriez le penser ; car le temps peut venir où je serai en état de vous témoigner ma reconnaissance autrement que par des paroles. » Il se jeta aux genoux de lady Avenel, baisa sa main qu’elle ne retira point, et sortit précipitamment du salon.

Lilias, pendant quelques moments, fixa les yeux sur sa maîtresse, qui était tellement pâle qu’elle semblait près de s’évanouir. Mais elle se remit promptement, et refusant les services que sa femme de chambre lui offrait, elle se retira dans son appartement.