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L’éloignement marqué du chapelain eut pour effet de recommander Roland à l’attention du frère d’Halbert, Édouard, qui, sous le nom conventuel de père Ambroise, était encore du petit nombre de moines à qui l’on permettait de demeurer, avec l’abbé Eustache, dans le cloître de Kennaquhair. Le respect qu’on avait pour sir Halbert avait empêché de les renvoyer tout à fait de l’abbaye, quoique leur ordre fût en grande partie supprimé ; on leur avait interdit l’exercice public de leur culte, et de leurs splendides revenus on ne leur avait laissé qu’une chétive pension alimentaire. Le père Ambroise faisait encore quelques visites, bien rares à la vérité, au château d’Avenel, et l’on remarquait dans ces occasions qu’il accordait une attention toute particulière à Roland Græme ; et celui-ci répondait à la bienveillance du bon père avec une plus grande effusion de sentiment qu’il n’avait coutume d’en montrer.

Ainsi s’écoulèrent plusieurs années, pendant lesquelles le chevalier d’Avenel continua de jouer un rôle important dans les convulsions de sa malheureuse patrie, tandis que le jeune Græme anticipait, et par ses vœux et par ses qualités personnelles, sur l’âge auquel il serait en état de sortir de l’obscurité de sa présente situation.


CHAPITRE IV.

la dispute. le sermon.


Au milieu de leurs pots et de leurs verres qui se vidaient promptement, au milieu de leurs orgies et de leur joie, un jeune lord reprocha à Valentin sa naissance basse et douteuse.
Valentin et Orson.


Roland Græme avait environ dix-sept ans lorsque, dans une matinée d’été, il lui arriva des descendre dans la fauconnerie de sir Halbert Glendinning, pour surveiller l’éducation d’un jeune oiseau de proie qu’il avait déniché lui-même, au risque de se rompre le cou ou les membres, dans une aire fameuse du voisinage, nommée Gledscraig. Comme il ne fut nullement satisfait des soins qu’on avait donnés à son oiseau favori, il ne manqua pas d’en témoigner son mécontentement au fils du fauconnier, qui était chargé de remplir ce devoir.