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de mes dépouilles, Rosabelle était devenue la propriété de la maîtresse de lord Morton, la belle Alice.

— Il est vrai que le noble palefroi avait été destiné à une condition aussi basse, répondit Douglas ; il était gardé sous clef et confié à la charge d’une nombreuse troupe de palefreniers et de domestiques ; mais la reine Marie avait besoin de Rosabelle, et Rosabelle est ici. »

— Est-il donc convenable, Douglas, lorsque des dangers de toute espèce nous entourent, que vous alliez augmenter vos périls pour un sujet si peu important qu’un palefroi ?

— Appelez-vous une chose de si petite importance celle qui peut vous donner un moment de plaisir ? N’avez-vous pas tressailli de joie lorsque je vous ai dit que vous étiez montée sur Rosabelle ? Ah ! pour acheter ce plaisir, quoiqu’il n’ait eu que la durée d’un éclair, Douglas n’aurait-il pas risqué mille fois sa vie.

— Oh ! silence, Douglas, silence ! ceci n’est point un discours convenable ; en outre, je voudrais parler à l’abbé de Sainte-Marie. Mais, Douglas, je ne permettrai pas que vous quittiez avec humeur les rênes de mon cheval.

— Avec humeur, madame ! hélas ! le chagrin est tout ce que peut me faire éprouver votre mépris. Je me révolterais aussi bien contre le ciel s’il se refusait au désir le plus extravagant que puisse former un mortel.

— Eh bien ! continuez donc de tenir mes rênes ; il y a de l’autre côté assez de place pour le seigneur abbé ; et puis je doute que, si la route l’exigeait, son secours fût aussi utile à Rosabelle et à moi-même que l’a été le vôtre. »

L’abbé vint se mettre de l’autre côté, et la reine entama aussitôt une conversation avec lui sur l’état des différents partis et le plan qu’il lui était le plus convenable de suivre, à présent qu’elle se trouvait en liberté. Douglas prenait peu de part à cette conversation, et ne parlait que lorsqu’il était interrogé par la reine ; son attention semblait entièrement dirigée sur la sûreté de la personne de Marie. Elle apprit cependant qu’elle lui avait une nouvelle obligation, puisque c’était grâce à lui que l’abbé, pourvu du mot d’ordre de la famille, s’était introduit dans le château comme faisant partie de la garnison.

Long-temps avant la pointe du jour ils arrivèrent au but de leur voyage périlleux et précipité, devant les portes de West-Niddric ; château du West-Lothian appartenant à lord Seyton. Quand la