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lard qui murmurait encore quelques paroles en se hâtant de mettre les verrous et les barres derrière eux.

— La vengeance des Douglas s’étendra sur le pauvre vieillard, dit la reine. Que Dieu me protège !… Hélas ! je cause la ruine de tous ceux que j’approche.

— On veille à sa sûreté, dit Seyton ; il ne doit pas rester ici ; il sera secrètement conduit dans un lieu plus sûr. Mais je voudrais que Votre Majesté fût déjà à cheval ! allons, tous à cheval ! à cheval ! »

Le petite troupe de Seyton et de Douglas était augmentée d’environ dix de leurs partisans qu’ils avaient laissés avec les chevaux. La reine et les dames, et tout le reste de ceux qui étaient sortis de la barque, furent aussitôt en selle. S’éloignant du village que le feu du château avait déjà mis en alarme, et ayant Douglas pour guide, ils se trouvèrent bientôt en plaine et commencèrent à galoper aussi vite qu’il était possible en gardant un bon ordre.


CHAPITRE XXXVI.

le château de seyton.


Il monta lui-même sur le coursier noir, et la plaça sur un cheval d’un gris roux ; il avait un cor qui pendait à son côté, et tous deux galopèrent sans façon.
Vieille Ballade.


L’air frais de la nuit, le bruit des pas des chevaux, la rapidité de la course, le galop onduleux de son palefroi, et surtout le sentiment de la liberté reconquise, dissipèrent le changement qui s’opérait dans l’esprit de la reine. Elle ne put enfin cacher à la personne qui marchait à ses côtés, et qu’elle croyait être le père Ambroise, l’espèce d’abattement qui d’abord s’était emparé d’elle. Quant à Seyton, avec toute l’impétuosité d’un jeune homme, orgueilleux avec raison du succès de sa première aventure, il affectait tout l’embarras et toute l’importance du chef de la petite troupe qui escortait, selon le langage de cette époque, la fortune de l’Écosse. Tantôt il était à l’avant-garde, tantôt il réprimait les bonds de son coursier jusqu’à ce que l’arrière-garde fût passée : il exhortait les hommes de la tête à marcher d’un pas régulier quoi-