Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/404

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délivrance approche. Que Dieu bénisse ceux qui travaillent pour moi avec une telle fidélité !… Hélas ! qu’il vous bénisse aussi, mes enfants ! Allons, il faut que nous retournions au salon. Notre absence pourrait exciter quelques soupçons si on venait à servir le souper. »

Ils rentrèrent dans le salon, et la soirée se termina comme à l’ordinaire.

Le jour suivant, à l’instant du dîner, il arriva un nouvel incident. Tandis que lady Douglas de Lochleven remplissait sa charge de chaque jour, qui était de servir et de goûter les plats de la table de la reine, on vint lui dire qu’un homme d’armes, recommandé par son fils, venait d’arriver, mais qu’il n’apportait ni lettres, ses communications devant être verbales ; ni signe de reconnaissance : on ne lui avait donné qu’un mot d’ordre.

« Vous a-t-il répété ce mot d’ordre ? demanda la châtelaine.

— Il le réserve, je pense, pour l’oreille de Votre Seigneurie, reprit Randal.

— Il a raison, dit lady Lochleven ; dites-lui de m’attendre dans la grande salle… Mais non, avec votre permission, madame, » ajouta-t-elle en parlant à la reine, « qu’il vienne me trouver ici.

— Puisqu’il vous est agréable de recevoir vos domestiques en ma présence, dit la reine, je ne puis choisir.

— Mes infirmités doivent être mon excuse, madame, reprit lady Lochleven ; la vie qu’il faut que je mène ici convient mal aux années qui pèsent sur ma tête, et me force à me mettre au-dessus du cérémonial.

— Oh ! ma bonne dame, répliqua la reine, je voudrais bien qu’il n’y eût rien dans votre château de plus pesant que les faibles chaînes de la cérémonie ; mais les verrous et les barreaux sont des choses plus pénibles à supporter. »

Pendant qu’elle parlait, la personne que Randal avait annoncée entra dans la chambre, et Roland Græme aussitôt reconnut l’abbé Ambroise.

« Quel est votre nom ? mon ami, dit la châtelaine.

— Édouard Glendinning, » répondit l’abbé en faisant un profond salut.

« Êtes-vous du sang du chevalier d’Avenel ?

— Oui, madame, et je lui appartiens de très-près, répliqua le prétendu soldat.

— La chose n’est point étonnante, car le chevalier est fils de