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lequel il se chargea de cette tâche, comme un brave soldat qui prend la place d’un camarade tombé sur le champ de bataille. « Je suis maintenant, se dit-il, leur seul champion, et qu’il arrive du bien, qu’il arrive du mal, je serai, autant qu’il dépendra de mon adresse et de mon pouvoir, aussi fidèle, aussi digne de confiance qu’aucun des Douglas aurait pu l’être. »

Au même instant, Catherine parut seule. Contre sa coutume, elle entra tenant son mouchoir sur ses yeux. Roland Græme s’approcha d’elle le cœur palpitant et les yeux baissés, et lui demanda, d’une voix basse et tremblante, si la reine se portait bien.

« Pouvez-vous le supposer ? dit Catherine ; croyez-vous que son cœur et son corps soient formés d’acier et de fer, pour endurer le malheureux contre-temps d’hier au soir, et les sarcasmes infâmes de cette vieille sorcière puritaine ? Plût au ciel que je fusse un homme, pour l’aider plus efficacement !

— Si toutes les personnes qui portent des pistolets et des poignards, répliqua le page, ne sont pas des hommes, elles sont pour le moins des amazones, et l’une vaut bien l’autre.

— Vous pouvez exercer votre esprit, monsieur, reprit la jeune fille, je ne suis en humeur ni de vous écouter, ni de vous répondre.

— Eh bien donc, écoutez-moi vous parler sérieusement. Et d’abord, permettez-moi de vous dire que la réussite aurait été plus facile hier au soir, si vous m’aviez mis dans la confidence.

— Et c’était bien notre intention ; mais qui aurait pu deviner que maître page aurait eu la fantaisie de passer toute la nuit dans le jardin comme le chevalier lunatique d’un roman espagnol, au lieu d’être dans sa chambre à coucher, quand Douglas y allait pour lui communiquer notre projet ?

— Et pourquoi avoir attendu si long-temps pour une confidence aussi importante ?

— Vos relations avec Henderson, et… pardonnez-moi… l’impétuosité naturelle et l’inconstance de votre caractère nous faisaient craindre de vous confier nos projets avant le dernier moment.

— Alors pourquoi à ce dernier moment ? » dit le page offensé de la franchise de cet aveu ; « pourquoi à ce moment ou à tout autre, puisque j’avais eu le malheur d’inspirer tant de soupçon ?

— Allons, maintenant vous vous fâchez encore, reprit Catherine, et vous mériteriez que je cessasse la conversation ; mais je