Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/333

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facilement la fatigue, que mon esprit une politesse contrainte.

— Oh ! lady de Lochleven, si vous le prenez ainsi, » dit la reine en se levant et en lui offrant son siège vacant, « je préfère que vous preniez ma place ; vous ne serez pas la première de votre famille qui l’aurez fait. » La dame de Lochleven fit un salut négatif, mais parut avoir peine à réprimer la réponse que son courroux lui dictait.

Pendant cette conversation animée, l’attention du page s’était presque entièrement portée sur Catherine Seyton, qui venait de l’appartement intérieur, vêtue telle qu’elle l’était habituellement en servant la reine : rien en elle n’annonçait l’empressement et la confusion que pouvait causer un changement précipité de costume, ou la crainte d’être découverte dans une entreprise périlleuse. Roland Græme hasarda de la saluer lorsqu’elle entra ; mais elle lui rendit son salut avec l’air de la plus grande indifférence, sentiment qui lui parut peu d’accord avec la situation où ils se trouvaient l’un à l’égard de l’autre. « Certes, pensa-t-il, elle ne peut raisonnablement s’attendre à me dépersuader de ce qu’ont vu mes propres yeux, comme elle a cherché à le faire lors de l’apparition dans l’hôtellerie de Saint-Michel. Je m’en vais essayer de lui faire sentir que ce serait une tâche inutile, et que la confiance est la route la plus sûre et la meilleure à suivre. » Ces pensées s’étaient succédé rapidement dans son esprit, et la reine ayant terminé son altercation avec la dame du château, s’adressa de nouveau à lui. « Que nous direz-vous de la fête de Kinross, Roland Græme ? Elle m’a paru être gaie à en juger par les faibles accents de la joie et la musique éloignée qui arrivaient de si loin jusqu’à ces fenêtres grillées, et mouraient en y entrant, comme doit le faire tout ce qui ressemble à de la gaieté. Mais tu parais aussi triste que si tu arrivais d’un conventicule de huguenots !

— Il en vient peut-être, madame, » reprit la dame de Lochleven contre qui cette flèche était lancée. « Il n’est point impossible qu’au milieu même des puérils amusements d’une fête de village, quelque âme pieuse ait fait entendre le langage d’une saine doctrine. Une religieuse pensée vaut mieux que tous ces vains plaisirs : ils ont un moment de bruit et d’éclat, comme un fagot d’épines sèches dans le foyer ; puis ils ne laissent aux fous qui s’en amusent que de la poussière et des cendres.

— Marie Fleming, » dit la reine en se tournant vers cette dame et en s’enveloppant dans son manteau, « je ne serais pas fâchée