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guide de Roland s’arrêta, regarda autour de lui si personne n’était en vue, puis tirant une clef de sa poche, il ouvrit la porte et entra, faisant signe à Roland de le suivre. Celui-ci obéit, et l’étranger ferma soigneusement la porte en dedans. Pendant ce temps, le page regarda autour de lui, et vit qu’il se trouvait dans un petit verger fort bien tenu.

L’étranger lui fit traverser deux ou trois allées bordées d’arbres chargés de fruits ; et ils arrivèrent à un berceau de feuillage. Là l’homme d’armes se plaça sur le banc de gazon qui était d’un côté, et fit signe à Roland de s’asseoir sur l’autre en face de lui. Après un moment de silence, il commença ainsi la conversation : « Vous m’avez demandé une meilleure garantie que la parole d’un simple étranger, afin de vous prouver que j’étais autorisé par George Douglas à m’emparer du paquet qu’il vous avait confié ?

— C’est justement sur ce point que je vous prie de me donner satisfaction, dit Roland. Je crains d’avoir agi un peu précipitamment : s’il en est ainsi, il faut que je répare mon erreur comme je pourrai.

— Vous me regardez donc tout à fait comme un étranger ? dit l’homme d’armes. Envisagez-moi bien attentivement, et voyez si mes traits ne ressemblent pas à ceux d’un homme qui vous était bien connu autrefois. »

Roland le regardait avec attention ; mais les idées qui se présentaient à son esprit étaient bien peu d’accord avec l’habit de servitude que portait la personne présente. « Serait-il vrai ? » murmura-t-il… et il s’arrêta n’osant point exprimer l’opinion qui se formait involontairement en lui.

« Oui, mon fils, » dit l’étranger qui remarquait son embarras, " vous voyez réellement devant vous l’infortuné père Ambroise, qui se glorifiait de son ministère quand il vous garantissait des pièges de l’hérésie, mais qui est maintenant condamné à vous pleurer comme un réprouvé ! »

La bonté du cœur de Roland Græme égalait au moins la vivacité de son caractère : il ne put supporter la vue de son ancien et honoré maître et son guide spirituel, dans une situation qui indiquait un si triste changement de fortune ; mais, se jetant à ses pieds, il embrassa ses genoux en pleurant à chaudes larmes.

« Que signifient ces pleurs, mon fils ? dit l’abbé ; s’ils sont versés sur vos péchés et vos folies, certes c’est un orage bienfaisant, et qui peut vous être utile. Mais ne pleurez pas si c’est pour moi