Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nant un fil de soie rouge pour bride, et une baguette de frêne des montagnes en guise de fouet.

— Je vous suivrai, dit le page.

— Que ce soit à quelque distance, » répondit la jeune fille.

Et pliant son manteau autour d’elle avec plus d’adresse qu’elle n’en avait déployé en ôtant et remettant son voile, elle se mêla dans la foule et s’achemina vers le village. Roland Græme la suivit à quelque distance avec toute la précaution nécessaire pour ne pas être remarqué.


CHAPITRE XXVIII.

la reconnaissance.


Oui ; celle dont les yeux ont suivi ton enfance et surveillé dans un espoir incertain l’aurore de ta jeunesse, maintenant, avec ces mêmes yeux ternis par la vieillesse et encore plus par les larmes, contemple ton déshonneur.
Ancienne comédie.


À l’entrée de la principale, ou pour mieux dire de la seule rue de Kinross, la jeune fille dont Roland Græme suivait les pas jeta un coup d’œil en arrière, comme pour s’assurer que son compagnon n’avait pas perdu ses traces ; puis elle entra dans une ruelle très-étroite, bordée de chaque côté par une rangée de misérables chaumières en ruines. Elle s’arrêta pendant une seconde à la porte d’une de ces pauvres demeures, reporta de nouveau ses yeux vers Roland, puis leva le loquet et disparut.

Quelque empressement que mît le page à suivre son guide, son entrée dans la chaumière fut retardée d’une minute ou deux par le loquet qui ne se levait pas à la manière ordinaire, et par la porte elle-même qui ne cédait pas à son premier effort. Un passage obscur avait comme d’habitude, été pratiqué entre le mur extérieur de la maison et le hallan ou mur de terre glaise qui servait de cloison ; au bout de ce passage et dans le mur de séparation, se trouvait une porte conduisant dans la ben ou chambre intérieure de la chaumière. Dès que Roland Græme eut mis la main sur cette seconde porte, une voix de femme prononça ces mots :