Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/280

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me vient : que ferait un hérétique de ces grains sacrés qui ont été bénits par le père lui-même de l’Église ? »

Roland était mal à son aise, car il voyait clairement sur quel sujet la conversation allait rouler, et il sentait qu’en tout cas elle devait être embarrassante : « Mais, objecta-t-il, c’était comme un gage de votre affection que vous me les offriez.

— Oui, beau sire ; mais cette affection était accordée au fidèle sujet, au loyal et pieux catholique, à celui qui s’était solennellement dévoué en même temps que moi à l’accomplissement d’un grand devoir ; vous le comprenez aujourd’hui, il s’agissait de servir l’Église et la reine : c’était à une telle personne, si vous la connaissez, que mon affection était due, et non à l’associé des hérétiques, et, ce qui est pire encore, à un futur renégat.

— J’aurais difficilement deviné, belle demoiselle, » dit Roland avec indignation, « que la girouette de votre faveur tournait seulement au vent catholique, lorsque je la vois se diriger sur George Douglas, qui, je pense, est partisan du roi et protestant.

— Ayez meilleure opinion de George Douglas, dit Catherine, que de penser… » Ici elle s’arrêta comme si elle en eût dit trop ; puis continuant : « Je vous assure, dit-elle, mon beau monsieur Roland, que vous faites beaucoup de peine à tous ceux qui vous veulent du bien.

— Leur nombre est très-petit, je pense, et leur chagrin, s’ils en ressentent, n’est pas si profond qu’il ne disparaisse en dix minutes.

— Ils sont plus nombreux et ont de plus hautes pensées sur vous que vous ne semblez le croire ; mais peut-être ont-ils tort. Vous êtes le meilleur juge de votre propre conduite ; et si vous préférez l’or et les terres de l’Église à l’honneur, à la loyauté et à la foi de vos pères, pourquoi seriez-vous plus embarrassé de votre conscience que les autres ?

— Que le ciel m’en soit témoin, dit Roland, s’il y a quelque différence entre ma croyance et la vôtre… c’est-à-dire, si j’ai nourri quelques doutes sur des points de la religion, ils m’ont été inspirés par mon désir sincère de connaître la vérité, et suggérés par ma conscience !

— Ah, ah ! votre conscience ! votre conscience ! » répéta Catherine avec une emphase ironique ; « votre conscience est le bouc émissaire. Je réponds qu’elle est vigoureuse : elle supportera le poids d’un des meilleurs manoirs de l’abbaye de Sainte-Marie de