Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 14, 1838.djvu/193

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— Morton, » s’écria Murray avec quelque impatience, « je ne puis souffrir ces reproches : ce que j’ai fait est fait ; ce que je dois encore faire, je le ferai ; mais je ne suis pas de fer comme vous, je ne puis oublier… Mais il suffit, j’exécuterai mon dessein.

— Et je garantis que le choix de ces consolations domestiques tombera sur… » Ici il chuchota des noms qui échappèrent à l’oreille de Roland. Murray lui répondit sur le même ton ; mais il éleva tellement la voix vers la fin de sa phrase, que le page entendit ces derniers mots : « Et je suis sûr de lui, d’après la recommandation de Glendinning. »

« Un homme bien digne de confiance, après la conduite qu’il vient de tenir à l’abbaye de Sainte-Marie ! Vous avez appris que l’élection de son frère a eu lieu. Sir Halbert, votre favori, milord, se distingue comme vous-même par son affection fraternelle.

— Par le ciel ! Morton, cette raillerie demanderait une réponse sévère ; cependant je la pardonne, parce que votre propre frère est intéressé dans tout ceci. Mais cette élection sera annulée. Je vous le dis, comte de Morton, tant que je tiendrai le glaive de l’État au nom de mon royal neveu, ni lords ni chevaliers, en Écosse, ne disputeront mon autorité. Si je supporte les insultes de mes amis, c’est parce que je les connais pour tels, et je pardonne leurs folies en considération de leur fidélité. »

Morton murmura quelques mots qui semblaient être des excuses, et le régent lui répondit d’un ton plus doux puis il ajouta : « D’ailleurs, indépendamment de la recommandation de Glendinning, j’ai un gage de la fidélité de ce jeune homme : sa plus proche parente s’est placée entre mes mains pour m’assurer de son zèle, et consent à être traitée comme il le méritera par sa conduite.

— C’est quelque chose, répondit Morton ; mais par amitié et par intérêt pour vous, je dois encore vous prier de vous tenir sur vos gardes. Les ennemis sont encore en mouvement, comme les taons et les frelons aussitôt que le souffle de la tempête s’est apaisé. George Seyton traversait ce matin la chaussée avec une vingtaine d’hommes à sa suite, et il a eu une querelle avec mes amis de la maison de Leslie ; ils se sont rencontrés dans High-Gate, et se battaient avec chaleur, quand le prévôt est arrivé avec ses gardes, qui ont interposé leurs hallebardes, comme on sépare un chien et un ours.

— Le prévôt agissait par mes ordres, dit le régent ; quelqu’un a-t-il été blessé ?