CHAPITRE XIV.
bacchanale.
Les moines avaient cessé leurs chants qui s’éteignirent en cris d’effroi, comme ceux des choristes dans la légende de la sorcière de Berkley[1]. Tels que des poussins épouvantés par l’approche du milan, ils cherchèrent d’abord à s’enfuir de différents côtés, puis vinrent avec désespoir se réfugier autour de leur nouvel abbé. Lui, conservant ce maintien intrépide et fier qui lui donnait tant de dignité pendant la cérémonie, resta ferme sur les marches de l’autel, comme s’il eût désiré se mettre le plus en évidence pour attirer le danger sur lui, et sauver ses frères en se sacrifiant lui-même, puisqu’il ne pouvait les protéger autrement.
Par un mouvement involontaire, pour ainsi dire, Madeleine et Roland quittèrent leur place, qu’ils avaient jusque-là occupée sans être remarqués, et s’approchèrent de l’autel comme pour partager le sort qui menaçait les moines, quel qu’il pût être.
Tous deux s’inclinèrent avec respect devant l’abbé ; et, tandis que Madeleine semblait vouloir parler, le jeune homme, regardant la grande porte devant laquelle retentissait alors un violent tapage et qui résonnait en même temps sous des coups multipliés, mit la main à son poignard.
L’abbé fit signe à tous deux de rester tranquilles : « Paix, ma sœur, » dit-il en parlant sur un ton bas qui, différant de celui des
- ↑ Ballade romanesque de Southey a. m.