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sur la chaussée, et quelquefois, mais rarement, sur les bords du petit lac, en occupaient le reste. Et, tant il régnait peu de sécurité dans ces campagnes, lorsqu’elle s’aventurait à pousser sa promenade au-delà du hameau, une sentinelle, placée en vigie à la tour de garde, avait ordre de regarder attentivement dans toutes les directions, et quatre ou cinq hommes se tenaient prêts à monter à cheval au moindre signe d’alarme.

Tel était l’état des affaires au château. Après une absence de plusieurs semaines, le chevalier d’Avenel, titre que l’on donnait alors le plus généralement à sir Halbert Glendinning, y était à chaque instant attendu. Cependant les jours se passaient tristement, et il ne revenait pas. Les lettres étaient choses rares à cette époque, et le chevalier eut été obligé de recourir à un secrétaire pour employer ce genre de correspondance. Toute espèce de communication était, en outre, précaire et dangereuse ; personne ne se souciait d’annoncer publiquement son intention de faire tel ou tel voyage ; car il y avait tout à parier qu’on eût alors rencontré plus d’ennemis que d’amis sur sa route. Le jour précis du retour de sir Halbert n’avait donc pas été fixé ; mais celui auquel sa tendre épouse avait compté le revoir était depuis long-temps écoulé, et ses espérances trompées commençaient à déchirer son cœur.

C’était le soir d’un jour brûlant de l’été, le soleil couchant était déjà caché à demi derrière les montagnes éloignées du Liddesdale ; lady Avenel faisait sa promenade solitaire sur la plate-forme d’une suite de bâtiments qui formaient la façade du château, plateforme couverte de pierres plates et parfaitement unies. La surface plane du lac n’était troublée un instant que par les sarcelles et les poules d’eau qui plongeaient dans ses ondes ; et dorée par les derniers rayons du soleil, elle réfléchissait, comme un miroir, les collines qui l’environnaient. Cette scène si tranquille était animée de temps en temps par la voix des enfants du village, qui, adoucie par l’éloignement, venait frapper les oreilles de la dame pendant sa promenade, ou par les cris du berger ramenant son troupeau de la vallée, où il l’avait laissé paître pendant le jour, pour le renfermer dans quelque abri nocturne plus sûr et plus rapproché du village. Les mugissements des vaches semblaient appeler les soins des laitières qui, chantant des airs vifs et joyeux, leur petit vase de bois sur la tête, s’avançaient de tous côtés pour remplir leur tâche du soir. Lady Avenel regardait et écoutait ; les sons