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CHAPITRE V.


le gué.


Un prêtre, dites-vous, un prêtre ! Bergers boiteux, comment rassembleront-ils le troupeau dispersé ? Chiens qui n’aboient pas, comment forceront-ils les brebis égarées à retourner à la bergerie ? Il est bien plus agréable de se chauffer à un feu brillant et de humer le parfum des mets que l’adroite Phylis apprête, que de combattre le loup dans la prairie couverte de neige.
La Réformation.


Depuis le désastre de sa maison, la santé de lady Avenel devenait tous les jours plus chancelante. On aurait dit que les cinq ans qui s’étaient écoulés depuis la mort de son mari avaient fait en elle le travail de cinq années de vie. Elle avait perdu la molle élasticité de sa taille, ainsi que les couleurs qui annoncent la santé ; elle devint maigre, pâle, et extrêmement faible. Elle ne paraissait pas attaquée d’une maladie prononcée ; mais il était évident pour ceux qui la regardaient que ses forces diminuaient chaque jour. À la fin ses lèvres se décolorèrent et ses yeux perdirent tout leur éclat ; cependant elle ne témoigna aucun désir de voir un prêtre, jusqu’au moment où Elspeth Glendinning, entraînée par son zèle, s’exprima sur un point qui lui semblait essentiel au salut. Alice d’Avenel l’écouta avec bienveillance, et la remercia de l’idée qu’elle lui suggérait.

« Si quelque bon prêtre voulait se donner la peine d’entreprendre un pareil voyage, dit-elle, il serait le bienvenu ; car les prières et les conseils d’un homme vertueux sont toujours utiles. »

Ce simple assentiment n’était pas tout à fait ce qu’Elspeth Glendinning désirait ou attendait. Elle était néanmoins certaine de suppléer par son propre enthousiasme à la tiédeur de la malade pour les secours spirituels. Martin reçut l’ordre d’aller, avec toute la diligence dont Shagram était capable, prier un des religieux du couvent de Sainte Marie de venir administrer les dernières consolations à la veuve de Walter Avenel.

Lorsque le sacristain eut annoncé au seigneur abbé que l’épouse du feu baron d’Avenel était en très-mauvaise santé à la tour de