Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tenant il fallait que la noble dame implorât de la veuve du feudataire une part de sûreté précaire, et même une nourriture qui pouvait devenir plus précaire encore. Martin devina probablement ce qui se passait en elle, car il la regardait d’un air d’inquiétude et d’intérêt, et semblait la prier de ne pas changer de résolution. Répondant à ses regards qu’elle interprétait facilement, elle dit (tandis qu’une étincelle de fierté subjuguée s’échappait de son œil) : « Si c’était pour moi seule, je ne voudrais que mourir ; mais pour cette enfant… le dernier gage de l’amour d’Avenel !…

— Vous avez raison, milady, » répondit vivement Martin ; et comme s’il eût voulu lui ôter toute possibilité de se rétracter, il ajouta : « Je vais voir la dame Elspeth ; j’ai beaucoup connu son mari, et j’ai fait plus d’une affaire avec lui, tout grand homme qu’il était. »

Martin eut bientôt exposé leur histoire, et lady Avenel fut parfaitement accueillie par sa compagne d’infortune. Alice d’Avenel avait été douce et obligeante dans le temps de sa prospérité : aussi, dans l’adversité, elle trouva facilement des personnes qui lui témoignèrent de l’intérêt. D’ailleurs, on pouvait concevoir quelque orgueil de procurer un asile à une femme d’un rang aussi distingué. Cependant, pour rendre justice à Elspeth Glendinning, il faut dire également qu’elle éprouvait une véritable compassion pour une personne dont le destin ressemblait au sien, et se montrait même encore plus cruel. Une hospitalité franche et généreuse fut offerte avec empressement à lady Avenel et à ceux qui l’avaient accompagnée : on les pria de faire à Glendearg un séjour aussi long qu’ils le désireraient eux-mêmes ou que les circonstances l’exigeraient.