Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/434

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naire à ce seigneur) du désappointement du général anglais ; mais il ne voulut pas permettre qu’on fît aucune violence à la belle Molinara, qui avait une seconde fois, à ses propres risques, sauvé sir Piercy Shafton, en se couvrant de ses habits.

« Vous avez déjà fait plus de mal que vous ne pouvez en réparer, dit le comte, et ce serait un déshonneur pour moi si je permettais de toucher à un cheveu de la tête de cette jeune femme.

— Milord, dit Morton, si sir John Foster veut m’accorder un moment d’audience secrète, j’espère lui donner des raisons qui le feront partir et remettre cette ridicule affaire aux commissaires nommés pour juger les délits commis sur la frontière. »

Il conduisit sir John à part, et lui parla en ces termes :

« Sir John Foster, je m’étonne beaucoup qu’un homme qui connaît la reine Élisabeth aussi bien que vous la connaissez, ne sache pas que, s’il doit espérer d’elle quelque faveur, c’est en lui rendant des services utiles, et non en l’enveloppant dans une querelle avec ses voisins, qui ne lui offre aucun avantage. Sir chevalier, je vous parle franchement d’après ce que je sais être véritable. Si dans votre expédition mal avisée vous aviez saisi le véritable sir Piercy Shafton, et que cette action eût amené, comme cela devait être, une rupture entre les deux pays, votre politique reine et son conseil auraient préféré disgracier sir John Foster plutôt que d’entrer dans une guerre pour le soutenir ; et maintenant que vous n’avez pas réussi, vous pouvez compter que vous n’aurez pas de grands remercîments si vous poussez l’affaire plus loin. Je ferai en sorte d’engager le comte de Murray à chasser sir Piercy Shafton du royaume d’Écosse. Soyez prudent, que l’affaire en reste là ; vous ne gagneriez rien par la violence : car si nous en venons aux mains, comme la première action vous a diminués et affaiblis, vous auriez nécessairement le dessous. »

Sir John Foster l’écoutait la tête penchée sur sa cuirasse. « C’est une maudite affaire, dit-il, et elle ne me vaudra rien de bon. »

Il poussa donc son cheval vers lord Murray, et lui dit que, par déférence pour la présence de Sa Seigneurie et celle de lord Morton, il prenait la résolution de se retirer avec sa troupe sans avancer plus loin.

« Halte-là ? sir John Foster, dit Murray, je ne vous permettrai pas de vous retirer en sûreté, à moins que vous ne laissiez une caution qui puisse répondre pour la réparation de tous les dommages que vous venez de faire ; réfléchissez qu’en souffrant votre