Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/417

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des bottes et les autres des chaussures de mailles, ils paraissaient au total vêtus de la même manière. La plupart des chefs portaient une armure complète, et les autres un costume semi-guerrier, que nul homme de qualité ne pouvait alors abandonner sans danger.

Les plus avancés du corps d’armée ayant aperçu le colporteur et Halbert Glendinning accoururent à eux sur-le-champ et leur demandèrent qui ils étaient. Le premier raconta son histoire, le jeune Glendinning montra sa lettre, qu’un gentilhomme porta à Murray. Un moment après, le mot halte ! courut de rang en rang, et le pas pesant et régulier des soldats cessa de se faire entendre. L’ordre fut donné de s’arrêter là pendant une heure, afin de se rafraîchir et de laisser reposer les chevaux. Le colporteur reçut la promesse d’obtenir protection, et on lui donna un cheval de bagage ; mais en même temps il reçut l’ordre de se retirer à l’arrière-garde. Il n’y obéit qu’avec répugnance ; et ce ne fut pas sans avoir serré la main d’Halbert d’une manière pathétique et expressive qu’il se sépara de lui.

Le jeune héritier de Glendearg fut conduit à un endroit où le terrain, beaucoup plus élevé, était par conséquent plus sec que le reste du marais. On avait étendu sur la terre un tapis pour servir de nappe, et les chefs assis autour partageaient entre eux un repas d’une simplicité tout aussi grossière que celui de Glendinning venait de faire. Murray lui-même se leva en le voyant s’avancer ; et fit quelques pas à sa rencontre. Cet homme célèbre possédait, au physique comme au moral, une grande partie des avantages et des qualités de Jacques V, son père. Si son illustre naissance n’eût pas été entachée d’illégitimité, il aurait occupé le trône d’Écosse avec autant d’honneur qu’aucun des princes de la maison des Stuarts ; mais l’histoire, tout en rendant justice à ses grands talents et à une foule de qualités qui étaient réellement celles d’un prince et d’un roi, ne peut oublier que l’ambition l’entraîna plus loin que ne l’exigeaient l’honneur et la loyauté. Brave parmi les plus braves, grand et généreux, habile à traiter les affaires les plus embarrassantes et les plus difficiles, à s’attacher ceux qui étaient méfiants et soupçonneux, à déconcerter et à terrasser, par la promptitude et l’intrépidité de ses entreprises, ceux qui étaient le plus déterminés à résister : il atteignit au but où son mérite personnel lui permettait certainement de parvenir, et il obtint la première place du royaume. Mais entraîné