Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/394

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lent Henri Warden, « une interprétation qui repose sur un vain jeu de mots, c’est une absurde paraphrase. »

La controverse allait se rallumer, et, selon toute probabilité (car peut-on être sûr de la modération d’une controverse religieuse}, elle se serait terminée par la translation du prédicateur au monastère. Heureusement Christie de Clint-Hill fit observer qu’il se faisait tard, et qu’ayant à descendre la vallée, qui n’avait pas une bonne réputation, il ne se souciait pas beaucoup de la traverser après le coucher du soleil. Le sous-prieur étouffa donc le désir d’argumenter ; et ayant dit une seconde fois au prédicateur qu’il se confiait en sa reconnaissance et en sa générosité, il lui fit ses adieux.

« Sois sûr, mon vieil ami, répliqua Warden, que je ne ferai rien volontairement qui puisse te porter préjudice. Mais si mon maître place l’ouvrage devant moi, je dois obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme. » Ces deux hommes, éminents par leurs qualités naturelles et par leurs connaissances acquises, avaient entre eux plus de points de ressemblance qu’ils n’auraient voulu se l’avouer eux-mêmes. La principale différence entre eux était que le catholique, défendant une religion qui intéressait peu le sentiment, travaillait avec zèle pour la cause qu’il avait épousée plus de tête que de cœur : il était politique, circonspect et artificieux ; tandis que le protestant, agissant sous la forte impulsion d’idées plus nouvellement adoptées, et se sentant, comme cela devait être, une plus grande confiance dans sa cause, était enthousiaste et ardent à les propager. Le prêtre se serait contenté de la défense, mais le prédicant aspirait à la conquête ; et naturellement l’impulsion par laquelle le dernier était gouverné était plus active et plus décisive. Ils ne purent cependant se séparer sans se serrer une seconde fois la main, et chacun d’eux, en disant adieu à son vieux camarade, lui jeta un regard où se peignaient vivement le chagrin, l’affection et la pitié. Le père Eustache alors informa en peu de mots dame Glendinning que cette personne serait son hôte pendant quelques jours, et il la menaça, elle et toute sa maison, de toute la sévérité des censures ecclésiastiques si elle avait avec lui quelque entretien sur des sujets de religion. Il lui commanda cependant de fournir à tous les besoins de son hôte.

« Que Notre-Dame me pardonne, révérend père ! » dit dame Glendinning un peu épouvantée de ce qu’elle venait d’entendre ; « mais je dois nécessairement vous dire que la grande quantité