Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/377

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l’autorité, et qui repousse ce guide infaillible que Dieu nous a offert comme un fanal dans les conciles des pères de l’Église, pour en appeler à une interprétation téméraire et intéressée des Écritures, que chaque hérétique défigure selon ses opinions ou ses intérêts.

— Je dédaigne de répondre à cette attaque. La question à résoudre entre votre Église et la mienne est de savoir si nous serons jugés par les saintes Écritures ou par les décisions et les préjugés des hommes non moins sujets à l’erreur que nous-mêmes ; de ces hommes qui ont dénaturé notre sainte religion par de vaines cérémonies ; qui ont élevé des idoles de pierre et de bois à l’image de ceux qui, pendant leur vie, n’étaient que des pécheurs, comme si les hommages dus au créateur pouvaient être partagés avec ses créatures ! de ces hommes qui ont créé entre le ciel et l’enfer un séjour d’expiation, cet utile purgatoire dont le pape garde les clefs comme un juge inique qui, oubliant la sainte rigueur des lois, commue les peines moyennant des offrandes, et…

— Silence, blasphémateur, s’écria sévèrement le sous-prieur, « ou je vais avec un bâillon arrêter le cours de tes impiétés.

— La voilà cette liberté dans les conférences chrétiennes auxquelles les prêtres de Rome nous invitent si bénignement ! les bâillons, les tortures. Ce glaive est l’ultima ratio Romœ ; mais sais-tu, mon vieil ami, que l’âge n’a pas encore tellement affaibli le caractère de ton ancien camarade qu’il n’ose endurer pour la cause de la foi tous les tourments que ton orgueilleux clergé voudrait lui infliger.

— Quant à cela, reprit le moine, tu fus toujours comme un lion qui se rue en fureur contre l’épieu du chasseur, et non comme le cerf qui fuit épouvanté au son du cor. Wellwood, » dit-il, après s’être promené dans la chambre quelques moments en silence, « nous ne pouvons rester plus long-temps amis ; notre foi, notre espérance, cette ancre de salut, notre éternité n’est plus la même.

— Ce n’est que trop vrai, ma douleur en est profonde, dit le réformateur : que Dieu me refuse sa miséricorde, si je ne voudrais pas acheter du plus précieux de mon sang la conversion d’une âme comme la tienne !

— Je fais pour toi le même vœu, et avec plus de raison, répliqua le sous-prieur ; un bras comme le tien deviendrait le boulevard de l’Église, tandis qu’il dirige maintenant le bélier pour la renverser, et qu’il élargit la brèche à travers laquelle tout ce