Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/252

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mille rassemblée, et sa main à baiser à dame Glendinning. Pour Marie Avenel, il la baisa sur la joue et en fit autant à la petite meunière qui s’approchait pour lui rendre hommage. Il ordonna à Halbert de modérer son caractère et d’être officieux et soumis envers le chevalier anglais ; il recommanda à Édouard d’être discipulus impiger atque strenuus[1] ; puis enfin, faisant à sir Piercy Shafton un adieu plein de courtoisie, il lui conseilla de rester au logis le plus possible, de crainte que les maraudeurs anglais n’eussent ordre de s’emparer de sa personne. Ayant rempli ces civilités d’usage, il descendit dans la cour, accompagné de toute sa suite, où, avec un soupir qui approchait d’un gémissement, le vénérable père monta sur son palefroi, dont la housse, d’un pourpre foncé tombait jusqu’à terre ; et très-satisfait que le pas tranquille de son cheval ne fût plus troublé par les gambades et les sauts du coursier de sir Piercy, il se mit paisiblement en marche pour retourner au monastère.

Lorsque le sous-prieur fut monté à cheval pour escorter son supérieur, ses yeux cherchèrent Halbert qui, en partie caché par une projection du mur extérieur de la cour, regardait le départ de la cavalcade et le groupe qui l’entourait, mécontent de l’explication qu’il avait reçue touchant la mystérieuse épingle d’argent, et cependant portant un vif intérêt au jeune homme dont le caractère lui avait inspiré une haute estime, le bon moine résolut de ne pas laisser échapper la plus prochaine occasion d’approfondir ce sujet. En cet instant, il regarda Halbert avec un air sérieux et significatif, et après lui avoir dit adieu en inclinant la tête, il lui fit un signe du doigt qui semblait recommander la prudence. Ensuite il rejoignit le reste du clergé, et suivit l’abbé à travers la vallée.

  1. Un disciple actif et courageux. a. m.