Lorsque le seigneur abbé eut disparu si promptement aux yeux des vassaux qui l’avaient attendu, le sous-prieur tâcha d’effacer l’impression de la négligence de son supérieur, par un accueil doux et plein d’aménité qu’il prodigua à tous les membres de la famille, et particulièrement à dame Elspeth, à son fils Édouard et Marie Avenel ; il condescendit même jusqu’à faire cette question : « Où est donc ce méchant Nembrod, Halbert ? Il n’a pas encore, j’espère, tourné, comme son grand prototype, sa lance de chasse contre l’homme ?
— Oh, non, si cela plaît à Votre Révérence, dit la dame Glendinning, Halbert est descendu dans la vallée pour y attraper quelques pièces de venaison, certainement, sans ce motif, il ne se serait pas absenté le jour où tant d’honneurs tombent sur moi et sur les miens.
— Oh ! une venaison savoureuse et prise à temps, » dit à voix basse le sous-prieur, « cela a été de tout temps un don très-agréable. Je vous dis adieu : car il faut que j’aille retrouver Sa Seigneurie le père abbé.
— Ô révérend seigneur ! » s’écria la bonne veuve en le retenant par son vêtement, « si vous étiez assez obligeant pour prendre notre parti s’il y avait quelque quelque chose de mal ! et, s’il manque quelque chose, pour dire qu’on va l’apporter, ou faire les excuses que vous croiriez les meilleures ! Toutes les pièces de notre vaisselle d’argent nous ont été volées depuis la bataille de Pinkcy, où je perdis mon pauvre Simon Glendinning, ce qui fut la plus grande des calamités pour moi.