Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/19

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vieilli de folies autrefois à la mode, est plus propre à exciter le dégoût du lecteur par son peu de naturel, qu’à provoquer le rire, soit à cause de cette théorie, ou soit par la raison plus simple et plus probable de l’insuffisance de l’auteur dans la peinture du sujet qu’il s’était proposé ; la formidable objection de l’incredulus odi s’appliquait à l’euphuiste aussi bien qu’à la Dame Blanche d’Avenel, et l’un était dénoncé comme non naturel, pendant que l’autre était repoussé comme impossible.

Il y avait dans l’histoire bien peu de chose qui pût concilier cet insuccès dans les deux principaux points. Les incidents étaient brouillés et entremêlés sans art. Il n’y avait dans l’intrigue aucune partie à laquelle on pût trouver à attacher de l’intérêt, et l’on tirait la conclusion que cet intérêt devait être presque nul, non par les incidents résultant de l’histoire elle-même, mais par suite des arrangements publics avec lesquels le récit avait peu de liaison, et avec lesquels le lecteur avait peu d’occasion de se mettre en rapport.

Si ce n’était pas une faute positive, c’était du moins un grand défaut dans le roman. Il est vrai que non seulement l’usage de quelques grands écrivains en ce genre, mais même le cours général de la vie humaine sont en faveur de cette manière moins savante et plus commode d’arranger un récit. Il est rare que les personnages d’un même cercle qui ont entouré un individu à son début dans la carrière de la vie, continuent à avoir un intérêt dans cette carrière jusqu’au moment où arrive une crise. Au contraire, et plus spécialement si les événements de sa vie sont d’un caractère varié et digne d’être communiqué au monde, les dernières relations du héros sont d’ordinaire totalement séparées des personnes avec lesquelles il commença le voyage, mais que l’individu a dépassées ou poussées à l’écart dans sa course. Une comparaison d’emprunt sera bonne sous un autre rapport. Les nombreux vaisseaux d’espèces si différentes et destinés pour des desseins si divers, qui sont lancés sur le vaste et même océan, quoique chacun doive suivre sa course particulière, sont dans tous les cas plus influences par les vents et les marées qui sont communs à l’élément où ils naviguent tous, que par leurs propres efforts séparés ; et dans le monde c’est ainsi qu’après que la prudence humaine a fait de son mieux, quelque événement général, peut-être national, détruit les projets de l’individu, comme le toucher accidentel d’un être plus puissant balaie la toile de l’araignée.