Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/185

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et beaucoup de douceur, les présentait les uns après les autres pour amuser sa compagne.

Comme peu à peu elles devenaient plus familières, Mysie Happer se hasarda à demander pourquoi Marie Avenel ne paraissait jamais autour du mai. Elle lui en exprimait son étonnement ; et la jeune dame lui répondit qu’elle n’aimait pas la danse, lorsqu’un bruit de chevaux, se faisant entendre à la porte de la tour, interrompit leur conversation.

Mysie courut à la fenêtre avec toute l’ardeur d’une curiosité sans frein. « Sainte-Marie ! chère demoiselle ! ce sont deux hommes galamment mis et bien montés qui arrivent ici ; voulez-vous venir de ce côté pour les voir ?

— Ce n’est pas la peine, répondit Marie Avenel, vous me direz qui ils sont.

— Je le veux bien, si cela vous est agréable, dit Mysie ; mais comment pourrais-je savoir qui ils sont !… Attendez : j’en connais un, et vous aussi, milady ; c’est un homme dont la main est un peu légère, dit-on ; mais les soldats de nos jours ne pensent pas qu’il y ait grand mal à cela. C’est un homme d’armes de votre oncle, qui se nomme Christie de Clint-Hill ; il n’a pas son vieux justaucorps vert et sa cotte de mailles noire et rouillée, mais un habit écarlate avec un galon large de trois pouces, et une cuirasse si claire que vous pourriez vous en servir pour arranger vos cheveux, aussi bien que devant ce miroir entouré d’un cadre d’ivoire que vous me montriez tout à l’heure. Tenez, chère lady, venez vous mettre à la croisée pour le voir.

— Si c’est l’homme dont vous parlez, Mysie, répliqua l’orpheline d’Avenel, je le verrai toujours trop tôt, eu égard au plaisir que m’apporte sa personne.

— Fort bien ; mais si vous ne voulez pas venir pour voir le brave Christie, » répliqua Mysie, la figure enflammée par la curiosité, » venez pour me dire qui est celui qui se trouve avec lui ; je n’ai jamais vu un jeune homme plus beau et plus agréable.

— C’est mon frère de lait, Halbert Glendinning, « dit Marie avec une apparente indifférence ; elle avait été accoutumée à nommer ainsi les fils d’Elspeth, et à vivre avec eux, comme s’ils eussent été véritablement ses frères.

— Non, par Notre-Dame ! ce n’est pas lui, répondit Mysie ; je connais bien la figure des deux Glendinning, et je ne pense pas que ce cavalier soit de notre pays. Il a un bonnet de velours cra-