Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 12, 1838.djvu/52

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distinctif qui leur était particulier, et dont les autres sièges n’étaient pas ornés. Un de ces fauteuils était occupé alors par Cedric le Saxon qui, bien que simple thane ou franklin, comme les Normands l’appelaient, était aussi impatient de voir servir les mets du souper que l’eût été un alderman des temps anciens ou modernes.

Il paraissait à l’ensemble de la physionomie de ce propriétaire foncier, que c’était un homme franc, mais vif et colère. Il n’avait pas une taille au dessus de la moyenne, mais il se distinguait par de larges épaules, de longs bras, et des membres vigoureux, propres à endurer les fatigues de la guerre ou de la chasse. Sur sa figure ouverte étincelaient de grands yeux bleus, brillaient des traits ouverts, de belles dents ; en un mot, il montrait une tête bien formée, exprimant cette sorte de bonne humeur qui accompagne souvent un caractère vif et emporté. L’orgueil et la méfiance étaient peints dans ses yeux, car sa vie avait été employée à défendre des droits sans cesse menacés ; et sa résolution, prompte, fière et ferme, avait été constamment en alerte par les circonstances de sa situation. Sa blonde chevelure longue était également partagée sur le sommet de la tête, et descendait des deux côtés sur les épaules ; elle commençait à peine à grisonner, quoique Cedric approchât de sa soixantième année.

Son habillement consistait en une tunique verte dont le collet et les manches avaient une espèce de fourrure grise, d’une qualité inférieure à l’hermine, et formée, à ce qu’on croit, de la peau de l’écureuil gris. Sous ce pourpoint, non boutonné, il portait un habit d’étoffe écarlate, dans lequel son corps se trouvait étroitement serré ; un haut-de-chausses de la même étoffe atteignait à peine la partie inférieure de la cuisse, de telle sorte que le genou restait à découvert. Les sandales qu’il chaussait ne différaient point de celles des paysans quant à la forme, seulement elles étaient d’une peau plus fine, et attachées sur le dessus avec des agrafes d’or. Les bracelets dont ses bras étaient ornés, le long collier qui pendait à son cou, étaient du même métal. Vers le milieu du corps, il portait un ceinturon enrichi de pierreries, auquel était attachée une courte épée à deux tranchants et à pointe acérée, disposée de manière qu’elle était suspendue presque perpendiculairement à son côté. Derrière son siège était un manteau d’étoffe écarlate, doublé de fourrure, et un bonnet formé des mêmes substances et richement brodé : ce qui complétait l’habillement de l’opulent châtelain, quand l’envie lui prenait de sortir. On remarquait aussi, appuyé